jeudi 10 juin 2010

Comment réhabiliter les enseignants ?


Les professeurs sont méprisés, agressés. L’enseignement est en crise. Le niveau des élèves est en baisse. Nous devons écouter ce malaise.

Les enseignants ont perdu de leur légitimité.

Certes, le vouvoiement est en recul et le code vestimentaire choisi par une part des enseignants est critiquable. Certes, nous sommes dans une société de victimisation des agresseurs. Certes, les élèves ont des sources d’information multiples, et le monopole du savoir est brisé. Certes, l’argent est survalorisé par rapport au savoir et à la sagesse.

Mais sont-ce les seules raisons ?

N’y a t’il pas d’autres raisons concrètes ?


Le temps de travail des enseignants.



La durée du travail des salariés non enseignants est de 1 650 heures par an selon l’INSEE.

La moyenne hebdomadaire est de 35 heures et 52 minutes pour un salarié qui a cinq semaines de congés et cinq jours fériés non travaillés dans l’année.

Par comparaison, selon le Ministère de l’Education nationale, la durée des cours dispensés par un enseignant est en moyenne de 19H20

A ces heures d’enseignement, si l’on ajoute deux heures par jour travaillé, pour la préparation, les corrections, les réunions, et les contacts avec les parents d’élèves, la semaine de travail est de 29H20.

Les enseignants travaillant 36 semaines par an, leur durée annuelle de travail est de 1056 heures.

Les salariés non enseignants travaillent donc 56% de plus que les enseignants.

Dans ces conditions, comment reconnaître leur légitimité ?



Les congés maladie des enseignants.


D’autre part, les enseignants, en tant que fonctionnaires, bénéficient d’un régime particulier de protection pour les arrêts maladie. Les enseignants bénéficient de trois possibilités :

Le Congé maladie ordinaire est pris en charge par l’Etat à 100% du salaire les 3 premiers mois.

Le Congé de longue maladie, pris en charge par l’Etat à 100% de son salaire pendant un an.

Le Congé de longue durée (tuberculose, maladie mentale, cancer, poliomyélite, SIDA) pris en charge à 100% pendant 3 ans.

En revanche pour les salariés du privé, tout arrêt maladie doit être déclaré sous 48h à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Après un délai de carence de trois jours sans Indemnités Journalières, les indemnités journalières maladie sont égales à 50 % du salaire journalier de base.

Ces indemnités de base sont complétées par les conventions collectives et les mutuelles, mais le régime privé demeure moins favorable.

Sauf à démontrer que les enseignants sont d’une santé plus fragile que le reste de la population, cette différence de régime conjuguée à la sécurité de l’emploi génère des écarts de comportement.

En effet, ce sont 45% des enseignants qui déposent un congé maladie dans l’année, contre 22% des salariés du privé.

Dans ces conditions, comment s’étonner du peu de considération porté aux enseignants ?


***

Les enseignants devraient être écoutés, considérés, protégés, respectés.

Mais la première étape de leur réhabilitation passe par le rétablissement de la justice dans les statuts.

Le temps de travail comme le régime d’assurance maladie doivent être identiques, dans le respect de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen  :

« Article 1 - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »


Voir aussi l'article dans ce blog sur l'organisation de l'enseignement : " Education Nationale, à chaque niveau sa décision". http://sylvainjutteau.blogspot.com/2008/03/programme-scolaire-national-dcisions.html



Webographie :

Note d’information du Ministère de l’Education Nationale sur l’évolution du niveau des élèves http://media.education.gouv.fr/file/2008/41/7/ni0808_22417.pdf

Insee, 2006, sur la durée du travail en France, INSEE Première http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ip1066.pdf

Durée de travail des enseignants ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni0243.pdf  

Le régime des congés maladie dans la fonction publique http://vosdroits.service-public.fr/N512.xhtml

Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/dudh/1789.asp

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Sylvain,

C'est une première pour moi de laisser un commentaire sur votre blog... Habituellement je trouve vos propositions et votre point de vue détaillé et interessant pour le néophyte que je suis.

Mais là, je trouve que vous oubliez une grande partie du poste des enseignants qui a elle seule remet aussi les pendules à l'heure.

Ces enseignants sont titulaires d'un Bac + 5 et après 10 ans de carrière plafonne à 2000€ et leur rémunération n'évolura pas beaucoup plus. A niveau d'étude égale dans le privé, les salaires ne sont pas les mêmes. Si on fait le calcul du rapport temps de travail / salaire on se rend compte qu'ils ont à peine le salaire d'un cadre moyen pour des ingénieurs et leur fin de carrière ne sera pas non plus la même.
Pour ce qui est des congés maladie, pour les enseignants qui m'entourent, c'est très souvent lié à des enfants malades et pas des déclarations de confort. Je sais qu'on est pas tous égaux devant ce problème mais la garde des enfants malades est également un problème important auquel il faudrait apporter une solution.

Merci en tout cas pour votre blog que je trouve sympa.

Sylvain JUTTEAU a dit…

Bonjour "Anonyme",

Merci pour votre commentaire et vos encouragements.

Il est tout à fait exact que les enseignants pourraient être mieux payés.

Si il y avait moins d'enseignants du fait d'un temps de travail à égalité avec le temps de travail des autres salariés, et si la superstructure bureaucratique était ramenée à des proportions plus raisonnables, l'énorme masse financière dégagée permettrait en effet une revalorisation financière et par là même une meilleure attractivité du métier.