samedi 27 mars 2010

Comment assainir la politique ?



Que se passe-t'il depuis trois ans ?
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Le gouvernement français actuel a créé 25 nouvelles taxes. Par exemple, la taxe professionnelle soi-disant supprimée est en réalité remplacée par deux taxes. Pourtant, pendant la campagne présidentielle, il avait été promis un allègement et une simplification de la fiscalité.

La dette publique est montée à 25.000 € par personne. Un record absolu. Pour une famille de deux enfants, cela représente 100.000 €, soit 65 fois le salaire médian !!! Pourtant, pendant la campagne présidentielle, il avait été promis un assainissement des finances du pays.

Les hôpitaux coûtent au moins 30% de plus que les cliniques pour une pathologie identique, tant ils gaspillent. Le système de santé est mis en danger par ces gaspillages. Mais l'alignement des tarifs du public sur le privé a été reporté de 2013 à 2018 (...soit après un éventuel 2° mandat du Président en place !). Pourtant, pendant la campagne présidentielle, il avait été promis la réduction des gaspillages pour sauver le système de santé.

Les collectivités locales sont la source principale des augmentations des dépenses publiques. Le mille-feuilles administratif est devenu aussi grotesque qu'inefficace. Mais tous les niveaux de collectivités locales sont maintenus, et le comité pour la réforme des collectivités locales préconise même des mandats électifs supplémentaires au niveau des EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale)! Pourtant, durant la campagne présidentielle, il a été promis une simplification.


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Bref, de tous côtés, on voit l'étendue de l'incompétence globale. Les français ont cru aux boniments, et ont élu un agité sans vision de long terme. Cette incompétence à conduire un projet global est d'autant plus évidente que le gouvernement fourmille de talents individuels.

Pourtant, à mes yeux, l'agité qui nous sert de Président est hors de cause.

Pourquoi ?

Au fond, il est trop facile de maudire l'agité. S'il est incompétent comme Président, peut-être aurait-il été excellent comme premier ministre. Je crois que c'est le mode d'élection qui est en cause. Il est trop difficile pour un électeur d'apprécier la qualité d'un candidat à la présidence de la République. En effet, la source d'information d'un électeur de base, c'est le reflet médiatique. C'est insuffisant, et cela manque de sérieux.

Le choix d'un président est une affaire de spécialistes, compétents, informés. Les institutions de la V° République à l'origine prévoyaient d'ailleurs l'élection du Président par les élus locaux. Par pure démagogie de court terme, ce mode d'élection a été changé en 1962. C'est un tort. On en voit les dégâts aujourd'hui.

La foule est facile à bonimenter. C'est là le danger.

A l'inverse, un bonimenteur est plus détectable dans une élection locale, car il est plus visible de l'électeur. Lui ou son réseau de connaissances directes sont accessibles. Le maire, le conseiller municipal sont intégrés dans la vie réelle, et leur attitude est sous le contrôle direct des concitoyens. Le maire et le conseiller municipal sont contraints à être plus vertueux. Et dans les faits, j'ai la conviction qu'ils le sont.

Dans une élection nationale, le risque d'élire un bonimenteur au suffrage universel est beaucoup plus élevé qu'au niveau local. Le bonimenteur national a la capacité de multiplier les écrans de fumée, éloigné des électeurs et de la vie quotidienne. Observons d'ailleurs que tous les régimes totalitaires du XX° siècle ont utilisé la démocratie pour s'installer et commettre leurs horreurs : cela doit nous conduire à plus de prudence et moins de démagogie dans la construction de nos institutions. Utilisons les leçons de l'Histoire.

Pour prévenir les dérives et les manipulations, la démocratie doit être aménagée par degrés. Chaque degré doit pouvoir surveiller le degré supérieur. L'électeur doit être en capacité de surveiller l'élu.

Comment faire en pratique ?
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Je propose que les maires, élus pour 5 ans, élisent les parlementaires à la proportionnelle intégrale pour 5 ans, avec un nombre de voix égal au nombre d'électeurs qui ont voté pour leur liste municipale. Les maires peuvent contrôler les parlementaires, ont un niveau de compétence suffisant pour faire un choix juste et éclairé. Dans ce mode d'élection, je propose la proportionnelle intégrale pour élire les parlementaires. La proportionnelle par listes nationales évite les accords locaux et la collusion : "tu votes pour moi, et je te fais avoir telle subvention". La proportionnelle permet la représentation fine des courants politiques, mais est ici tempérée par le fait que les électeurs sont les maires.

Je propose que les parlementaires élisent le Président de la République pour une durée de dix ans sans faculté de le destituer. Le Président incarne la permanence, est responsable des traités internationaux et de la défense. Les parlementaires ont le niveau de compétence pour faire un choix éclairé, qui sera fait avec d'autant plus de mesure et de sérieux qu'il s'agit d'une durée longue, et que le Président est irrévocable durant ce temps.

Je propose que les parlementaires élisent à la majorité relative un chef de gouvernement pour une durée de cinq ans, sans faculté de le destituer. Le chef de gouvernement constitue à son choix son gouvernement, hors les domaines réservés du Président.

Par ailleurs, la prolifération des lois est une plaie, un handicap économique, et une cause de déstabilisation de la société. Le mal est profond. La solution doit être radicale, inscrite au coeur des institutions. Pour contrecarrer l'inflation législative, je propose que les lois soient adoptées à la majorité des deux tiers, et abrogées à la majorité relative. La loi doit être le produit d'un consensus, et non une violence faite à la minorité par une majorité politique provisoire.

Enfin, pour éviter l'inertie dans l'application des lois et leur déformation par les corps administratifs, je propose que les lois ne soient adoptables que si le Parlement a eu connaissance préalable du texte définitif des décrets d'application.
 
La politique doit cesser d'être un égoût, où toutes les manipulations démagogiques sont possibles pour obtenir le pouvoir. L'électeur doit reprendre la situation en main, à mesure de sa compétence.

La politique doit retrouver sa noblesse, et sortir d'une démagogie dangereuse pour la stabilité. La démocratie par degrés, conforme à l'esprit fondateur de la V° République, permet d'assainir la politique.

3 commentaires:

Unknown a dit…

Sylvain,

tu verras que le problème n'est pas nouveau en lisant Gustave Le Bon
Psychologie des Foules (en ligne) et plus si affinités

Anonyme a dit…

L'aspect psychologique est important, j'en suis d'accord. Mais si l'on se cantonne à cette vision, on perd la cause première qui est d'ordre plus élevé. A la source, c'est l'aspect spirituel qui dirige la psychologie.

De même que c'est la main qui dirige le marteau, c'est le spirituel qui dirige le mental. Le plus subtil dirige le plus tangible.

Sylvain JUTTEAU a dit…

@ Larry

Oui, le problème traverse les siècles.

C'est une raison de plus pour metre en place des institutions tenant compte de cet état de fait !

Mais il est certain que ce n'est pas très sexy comme programme électoral :

- Bonjour, cher électeur, votez pour moi, et comme ça je vais changer les institutions et vous ne voterez plus que pour les élections locales !...

Autant la solution coule de source, autant elle est difficile à mettre en oeuvre.