jeudi 18 mars 2010

Faut-il interdire les syndicats ?



Aujourd'hui, seuls 8% des salariés français sont syndiqués, et ce chiffre continue de baisser.

Qui est syndiqué aujourd’hui ? Ce sont :

- les salariés des syndicats
- les salariés détachés à plein temps auprès des syndicats
- les salariés disposant d'emplois à statut protégé tels que les délégués syndicaux ou les fonctionnaires
- les retraités.

Hors ces quatre catégories, rares sont les syndiqués.

La situation est différente dans les autres pays. En Allemagne, le taux de syndicalisation est de 28,9%, en Italie de 44,1%, en Suède de 91,1%. Aux Etats Unis, ce taux est de 14,2%, et au Japon de 24%.

Dans la pratique, les quelques syndiqués français qui sont actifs négocient à trois niveaux :

1- Le niveau national interprofessionnel
2- Les branches professionnelles, au nombre de 680
3- La négociation d'entreprise

La désyndicalisation pose un problème de représentation pour les négociations au niveau des branches professionnelles qui ont les effectifs les plus faibles. En effet, 400 branches professionnelles sur les 680 branches qui existent, emploient moins de 5000 salariés. Il y a si peu de syndiqués dans certaines branches, qu’il n’y a plus personne pour ces négociations dites « de branche » !

Et au niveau plus fin encore de l’entreprise, la négociation collective est l’exception, et la négociation individuelle devient la règle !

Comment en est-on arrivé à ce niveau de délabrement ?

Le syndicalisme en France a une histoire douloureuse, faite de divisions idéologiques, et d'hostilité de la part du pouvoir central.

L’œuvre de démolition commence avec la naissance de la République. La loi Le Chapelier de 1791 a interdit ce qui s’appelait à l’époque les « corporations de métier ». Puis les jacobinistes de tout poil ont toujours su s'acharner contre ce corps intermédiaire. Le régime de Vichy repris le flambeau de la Révolution en interdisant les syndicats, qui avaient fini, pied à pied par renaître.

Dans la lignée de cet acharnement du pouvoir central, on a voulu, en 1966, canaliser le syndicalisme en réservant le droit de représentation à quatre centrales syndicales.

Et pour bien verrouiller la situation, il est organisé un financement public des syndicats.

Ces tentatives d’étouffement ont emprisonné la force véritable du mouvement syndical, qui s'est retranché dans un métier de contestation et de blocage, spécialité dans laquelle on peut reconnaître leur talent.

Le résultat final est lamentable. Désyndicalisation, blocages, et difficulté à construire des relations pacifiées.

Certains rient sous cape en attendant la disparition complète des syndicats, qu'ils accusent de tous les blocages de la France. C'est une erreur. N'ayons pas peur des syndicats. Les syndicats japonais, américains, allemands, sont autrement plus puissants qu'en France, ce qui est loin d'être un obstacle à la prospérité économique de ces pays.

Je propose que les syndicats retrouvent leur rôle de détenteurs du savoir faire, et qu'ils soient en particulier chargés de dispenser la formation professionnelle continue sur leurs fonds propres, avec obligation de publication détaillée de leurs comptes. 

Je propose que chaque salarié cotise auprès du syndicat de son choix pour financer cette formation, que cette cotisation ait le statut d'une assurance obligatoire avec un montant minimum de 1,5 % du salaire brut. En contrepartie, je propose la suppression de la taxe de formation continue (1,60% du salaire brut au dessus de 10 salariés, et 0,55% du salaire brut au dessous de 10 salariés), la suppression de la taxe d'apprentissage (0,5% du salaire brut), et la suppression de la taxe d'apprentissage additive (0,18% du salaire brut).

Le financement sur fonds publics, le financement occulte, le financement par mise à disposition de permanents,  contredisent la nature même des syndicats, qui ont pour objet de "syndiquer" les intérêts de leurs membres. Je propose que l'on interdise le financement des syndicats sur fonds publics ou par les entreprises, pour préserver leur indépendance. Arrêtons la confusion des genres.

Je propose de restituer l’égalité des droits de représentation entre tous les syndicats. Le privilège de représentation est source d'ankylose.
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Les syndicats doivent se rapprocher du savoir faire des métiers, et syndiquer les intérêts de leurs membres plutôt que de poursuivre des chimères idéologiques ou de s'accoquiner avec leur financeur.

Par ces moyens, les syndicats sont en mesure de briser leur spirale descendante, et de rétablir des relations de travail pacifiées.

Les syndicats doivent retrouver leur vraie nature.

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