mercredi 17 février 2010

Faut-il défendre l'hôpital public ?


Plaçons l'hôpital dans son contexte.

Les dépenses de santé représentent 161 milliards d'€ en France (source : Loi de financement de la sécurité sociale pour 2010).

Cette dépense est répartie en trois parts :

- Les soins de ville / 75 milliards d'€
- L'hôpital / 71 milliards d'€
- Les établissements spéciaux pour personnes âgées et handicapés / 14 milliards d'€

Le déficit est de 15 milliards d'€.

80% des hôpitaux sont publics, et 20% des hôpitaux sont privés.

Selon le rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) de 2002, à pathologie identique, le surcoût de l'hôpital public est de 30 à 40%. L'écart est dû au coût d'une bureaucratie pléthorique, et à une gestion désastreuse des ressources. Ces chiffres sont confirmés par le Sénat, et confirmés par les études postérieures.

L'écart est d'autant plus marquant que l'hôpital bénéficie du privilège supplémentaire de la mise à disposition d'étudiants en internat.

Comment l'hôpital public tient-il malgré ces gaspillages ?

D'une part, par un remarquable lobying, l'hôpital public bénéficie de remboursements très supérieurs sur les soins, et d'autre part l'hôpital public voit ses déficits renfloués par la collectivité publique pour éviter leur faillite. Du point de vue sociologique, il est d'ailleurs assez facile de comprendre que les médecins très qualifiés et les parlementaires ont une propension forte à être issus d'une même bourgeoisie de province et à parler le même langage.

Que se passerait-il si l'hôpital public faisait une gestion plus saine de ses ressources ?

Calculons.

Prenons la fourchette basse de l'IGAS. Un surcoût de 30%.

Les dépenses d'un hôpital public bien géré passeraient de 63 à 48 milliards, soit une économie de 15 milliards.

15 milliards, c'est le montant du déficit.

La défense de l'hôpital public tel qu'il est géré aujourd'hui, c'est donc avant tout la défense d'un grand gaspillage, et d'une situation malsaine de déficit du système de santé.

Notre pays est un pays riche. Nous pouvons bâtir un système de santé de qualité et mieux administré.
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Mais le bricolage bureaucratique opéré par la loi HSPT permet le maintien d’une situation malsaine et source de déséquilibres croissants. Par exemple, la convergence des tarifs de remboursement entre hôpitaux et cliniques avait été décidée en 2004 pour l'année 2012. La convergence est reportée à 2018, ce qui laisse huit ans pour faire adopter... un nouveau report !

Je propose pour ma part une solution, valorisant la position du médecin référent, et l'intéressant aux économies réalisées :

http://sylvainjutteau.blogspot.com/2008/02/systme-de-sant-remdes-contre-la.html


Dans ce cas, gageons que les médecins choisiront, à coût identique, l’établissement qui offrira la meilleure qualité. Les meilleurs hôpitaux, publics comme privés, seront valorisés, et les médiocres devront s’adapter ou être remplacés par les meilleurs (voir le rapport de l'IGAS sur les hôpitaux déficitaires ICI).
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Malgré des remboursements supérieurs pour les établissements publics, la collectivité doit en plus renflouer les structures déficitaires. La mauvaise gestion permet d'être "gagnant" dans les plans de renflouement par l'Etat (cliquer sur l'image pour agrandir) :



Source de l'infographie : L'Express.fr.
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Voir aussi sur ce sujet les positions prises par l'IFRAP.

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