lundi 11 août 2008

Maîtrise des crises monétaires

La monnaie démétallisée est la confiance dans une valeur faciale.

Cette confiance est rattachée à celui qui garantit en dernier ressort la valeur faciale.

Cette confiance de dernier ressort ne peut être confiée à autrui sans perte en ligne d'intensité. La garantie de la monnaie aboutit donc en dernier ressort entre les mains de l'organe en qui l'on peut placer le plus de confiance de long terme.

C'est pourquoi elle est entre les mains des organes les plus grands et les plus stables connus, c'est-à-dire entre les mains des Etats, et de plus en plus souvent déconnectés de l'instabilité gouvernementale par la création de banques centrales indépendantes du pouvoir politique.

Au surplus, les Etats se garantissent entre eux via le FMI qui régule les excès nationaux, en particulier lorsque les banques centrales sont encore sous autorité directe du pouvoir politique.

Dans les faits, nulle monnaie privée ne fonctionne de façon durable. On peut constater aussi que les outils financiers, quelle que soit leur liquidité, sont tous des dérivés des monnaies publiques.

Voilà pour le constat pratique.

Je veux proposer une explication théorique à ce constat pratique. J'ai démontré que la collectivisation optimale dans la création de biens et de services est le rapport entre la valeur et la cessibilité, déduction faite de l'altruisme. Ce principe se formalise comme suit :

Collectivisation Optimale = (Valeur / Cessibilité) - Altruisme

Appliquons cette formalisation au cas de la monnaie.

L'altruisme en matière de création monétaire est proche de zéro puisque la monnaie est par définition une mesure quantitative amorale.

La cessibilité est nulle, et c'est là toute la clé du sujet, car la monnaie est une représentation de la confiance de dernier ressort et non cette confiance en soi.

En revanche, la valeur est sans conteste très élevée, de par les fonctions formidables d'échange et de thésaurisation que permet la monnaie.

Dans les faits, comme par démonstration formelle, nous constatons que la monnaie revient entre les mains de la collectivité, en l'état actuel du système économique.

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La monnaie est créée soit par des tirages de monnaie émanant de l'autorité collective, soit par des avances faites au système bancaire consenties par les banques centrales.

En volume, les tirages de monnaie sont désormais résiduels. En effet, les crises d'hyperinflation - a commencer par la crise des assignats, en passant par l'hyperinflation argentine - ont fini par guérir la plupart des décideurs politiques de cette maladie, qui a souvent déconnecté la "représentation de valeur" et la valeur réelle, avec pour conséquence le désordre des échanges commerciaux.

Du point de vue de la décision collective, la monnaie est donc guidée aujourd'hui pour l'essentiel par le réglage des taux d'intérêts, et les "bourdes" sont rattrapées par le FMI.

Du point de vue de la décision privée :

- d'une part les monnaies sont échangées sur les marchés monétaires, libérés depuis 1976 (accords de la Jamaïque).
- d'autre part la monnaie prêtée par la banque centrale est elle même placée auprès des banques qui l'utilisent pour le prêter à nouveau. Il y a une création monétaire propre au système bancaire de second rang.

Voilà la situation. Voyons maintenant le fonctionnement du système selon la variation des volumes monétaires disponibles.

Quels sont les impacts d'une insuffisance ou d'un excès de monnaie ?

L'insuffisance d'injection de monnaie diminue la fluidité des échanges. S'il y a plus de valeur à échanger que de "représentation de valeur", l'ajustage à la baisse des prix qui serait nécessaire rencontre une résistance des acteurs économiques.

Dans le cas contraire, l'excès d'injection de monnaie dope les échanges sur le très court terme. L'excès d'injection de monnaie peut aussi servir à renflouer fictivement les comptes publics.

Cet excès d'injection de monnaie enclenche deux types d'inflation car il y a plus de "représentation de valeur" que de valeur réelle. L'inflation est l'ajustage entre la représentation de valeur et la valeur.

Quels sont ces deux types d'inflation ?

D'une part, l'inflation des prix et salaires.
D'autre part, l'inflation de la sphère financière, sous forme de prêts aux particuliers ou de gonflement des outils financiers véhiculés par les entreprises et les institutions financières.

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Reconnaissons que, mis à part toute considération d'ordre métaphysique, le système fonctionne bien. Reconnaissons que les crises globales sont jugulées par la coordination des interventions collectives, et que les crises locales sont jugulées par les intitutions créées par Bretton Woods. Le commerce mondial s'est démultiplié à l'abri de ce système.

Mais gouverner c'est prévoir, et je considère que le système monétaire est gros de deux menaces conjuguées.

Quelles sont ces menaces ? Que se passe-t'il aujourd'hui ?

L'augmentation des volumes du commerce mondial a aiguisé la concurence, faisant peser une pression déflationniste sur les prix.

A l'abri de cette pression déflationniste, les banques centrales ont fait baisser les taux directeurs. Les banques se sont précipitées pour bénéficier de la manne. La monnaie injectée de ce fait dans l'économie, et qui ne s'est pas réinjectée dans les prix unitaires ou dans les volumes échangés, s'est injectée dans la sphère financière.

La sphère financière gonfle dans des proportions telles que la maîtrise des masses en circulation devient de plus en plus difficile pour les Etats, et exige au demeurant des délais de réaction de plus en plus brefs et coordonnés des banques centrales et des institutions de régulation.

La première menace, c'est que les mouvements financiers échappent à la force des Etats et des institutions publiques de régulation. Le risque global de déstabilisation n'est pas assuré par chacun des acteurs privés de la sphère financière, mais en dernier ressort par la collectivité.

Les acteurs de la sphère financière bénéficient d'une couverture de risque qu'ils ne paient pas.

Il risque d'arriver ce qui est arrivé en Suède au gallion Vasa en 1628, le plus équipé des navires de guerre jamais construit à l'époque : la quille était trop légère pour stabiliser le bateau et il s'est renversé sans que l'équipage n'y puisse rien. Les tests de stabilité avaient été annulés dans la précipitation.

La deuxième menace, conjuguée à la première, c'est le surendettement des agents économiques. La surabondance de monnaie incite les organismes financiers à prêter leurs disponibilités à un plus grand nombre d'agents et pour des conditions de risque plus étendues. Le risque d'insolvabilité est garanti en dernier ressort par la collectivité.

Là aussi, les acteurs de la sphère financière bénéficient d'une couverture de risque qu'ils ne paient pas.

Rappelons que la crise de 1929 a débuté par l'accroissement des crédits aux ménages et leur désolvabilisation, qui a entraîné la désolvabilisation des prêteurs (puis la crise s'est amplifiée par des décisions incongrues de protectionnisme).

Dans le premier comme dans le deuxième risque, les acteurs financiers bénéficient d'un système gratuit et monopolistique de couverture de risque. C'est la déresponsabilisation.

Il est piquant de noter que le fonctionnement monétaire actuel présente des caractéristiques majeures du collectivisme : monopole, gratuité fictive, et déresponsabilisation des acteurs. Il a aussi les désagréments du collectivisme. Le système existe à son propre profit et non au profit des utilisateurs, en se déconnectant de la réalité.

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Alors comment prévenir ces menaces ?

Je crois que la première série de décisions qui a consisté à déconnecter les banques centrales des décisions politiques de court terme a permis de franchir un cap, en éliminant les décisions de court terme et de courte vue.

Je crois qu'il convient désormais dans une étape supplémentaire de stabiliser les décisions des banques centrales, pour donner une meilleure lisibilité aux institutions financières, qui frissonnent au moindre froncement de sourcil du gouverneur de la FED.

Je crois que toute institution financière qui se refinance auprès de la banque centrale doit payer le coût du risque qu'il fait courir à l'ensemble du système.

Je crois que le risque des banques est in fine proportionnel au rapport entre leurs fonds propres et leurs encours.

Je crois donc que le taux de refinancement des banques auprès des banques centrales, ou "taux directeur" doit être fixé pour des périodes de cinq ans, et établi proportionnellement au rapport entre les fonds propres et l'encours. Je crois que ce taux doit être appliqué pour chaque banque à la totalité des avances de la banque centrale auprès d'elle.

Je crois que la majoration des taux permet d'alimenter un fonds de stabilisation chargé de refinancer et dissoudre les banques devenues insolvables par excès de risque.

Ainsi, les banques se répartissent entre celles choisissant une politique de risque et qui alimentent le fonds de stabilisation, et les banques choisissant un politique de sécurité qui bénéficient de taux bas. Les banques se diversifient dans leur nature et leur politique.

La diversification a un deuxième effet bénéfique. Elle contrecarre l'excès brutal de décisions en sens unique, et évite un renversement du navire.

2 commentaires:

André6668 a dit…

el gringo a dit : "supprimez l'argent, il n'y aura plus de crise." C'est une solution. En voici une autre, parce que la jeunesse, c’est réjouissant, mais son avenir est actuellement bien inquiétant : Argent, emploi, retraite, santé, etc…
Que le monde devienne raisonnable et comprenne ce qu’est l’argent, à quoi il doit servir, et qu’il s’en serve correctement ! Car qui peut vivre de chiffres ou de billets de banque ?
La Société ne doit-elle pas cultiver, fabriquer ou réparer tout ce qui lui est nécessaire pour vivre ?
L'argent est devenu fictif. Il en est réduit à sa représentation par des nombres qui s'inscrivent sur des comptes bancaires. Les billets ou pièces sont inutiles.
Il est donc facile aux Gouvernements, et ça doit leur être réservé, de produire de l’argent autant qu'ils en ont besoin, puisqu'il leur suffit de corriger le nombre qui indique leur solde bancaire.
De ce fait, les notions d'équilibre budgétaire, de balance commerciale, de bénéfice, ou de perte, ne doivent plus exister; c'est de la foutaise. Et la bourse devient également inutile.
L'argent peut alors et doit permettre et obliger la réalisation et la distribution de tout ce dont le monde a besoin pour vivre, et en assurer la régulation. Tout ce qui concerne l’apprentissage à conduire, l’éducation, la justice, la recherche, la santé, le téléphone, etc. peut et doit être gratuit.
En savoir plus : Voir le site http://aveniretpresent.centerblog.net/rub-Argent.html

Anonyme a dit…

Le protectionnisme n'a pas du tout agréavé la crise économique des années 30. Au contraire, il en a atténué les effets négatifs. La lecture de certains économistes, dont Maurice Allais, vous ferait le plus grand bien.