jeudi 22 septembre 2011

Comment échapper à la menace de la dette publique ?



Face à la dette publique menaçante, faut-il plutôt réduire les dépenses ou augmenter les recettes ?

Pour déterminer la réponse juste, il est intéressant d'observer l'évolution des dépenses publiques depuis 20 ans :

( Sources / Dépenses : série longue INSEE ; Inflation : Tableaux complets INSEE ; Graphique : Sylvain Jutteau ; Cliquer sur le graphique pour l'agrandir )



France : dépenses record

Les dépenses publiques entre 1990 et 2010 ont été majorées de...34% en euros constants !
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Selon la Cour des Comptes, la France détient désormais dans la zone euro le record de dépenses publiques, à l'exception provisoire de l'Irlande pour l'année 2010 (Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, tableau 9, page 192).

En effet, en 2010, les dépenses sont de 1094,50 milliards d'€, soit plus de 56% de la richesse produite (PIB), alors que les autres pays sont en dessous de 56%, et descendent jusqu'à 40%. Les projections pour 2011 maintiennent la tendance.


Est-ce un complot destiné à affaiblir la France ?

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Ce qui est frappant, c'est que l'outrance dépensière de la France est peu connue du grand public. La Cour des Comptes elle-même alerte sur les conséquences directes de ces excès, mais est discrète sur les dérives de longue période.
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Mais je ne crois pas qu'il y ait complot ou volonté expresse de nuire de la part de la Cour des Comptes en particulier ou de la haute fonction publique en général. Il s'agit bien plutôt à mes yeux d'une sorte d'inconscience cotonneuse, liée à la consanguinité du recrutement et de la formation. En effet, quelle peut être l'étendue de la conscience du réel chez un étudiant brillant qui n'a connu que ses livres et la fonction publique ?
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Cette inconscience mène à l'ignorance.
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Par exemple, si les dépenses publiques avaient juste évolué au rythme de l'inflation depuis 1990, nous n'aurions pas une dette menaçante de 1600 milliards d'€, mais au contraire une réserve financière de 2800 milliards d'€. Le seul maintien de l'évolution des dépenses au niveau de l'inflation nous aurait placé dans la même posture de puissance financière que la Chine. Qui le sait ? Qui en a conscience ? Qui a osé faire ce calcul ?
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Y-a-t'il un pilote dans l'avion ?
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Au lieu d'agir sur la base de cette réalité objective, une "culture du service public" tient lieu de ligne de conduite officielle. Derrière cette ligne de conduite, s'exprime toute la palette des comportements humains, depuis la pure générosité jusqu'au corporatisme recuit. Mais au total, il y a absence de pilotage.
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On peut objecter que c'est le gouvernement qui est supposé exercer ce pilotage en tant que dirigeant de l'exécutif.
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Mais les gouvernements successifs se perdent dans leurs considérations électoralistes de court terme au lieu d'honorer leur mission de direction de l'exécutif. En pratique, les gouvernements naviguent entre la mise en oeuvre de programmes électoraux sans profondeur, la mise en oeuvre de recommandations faites par l'administration elle-même, et le dialogue avec les différents lobbies qui gravitent autour des ministères, le tout dans une peur panique des manifestations de rue et des grèves.
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La bureaucratie va donc à vau-l'eau, sans tempérance, dans une autonomie qu'elle n'a pas demandé, et génère sa propre croissance organique sans véritable volonté d'ensemble.



Peut-on sortir du piège de la dette ?

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Pendant les vingt dernières années, les prestations délivrées par le service public ne s'étant pas étendues, on peut supposer que c'est une perte d'efficience qui est la cause de la dérive des dépenses.

Par exemple, depuis 1980, la dépense moyenne pour un élève du premier degré a augmenté de 76,7 % en € constants (voir la source INSEE).
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Avec cette perte d'efficience, la sphère publique est de plus en plus volumineuse, et vit aux dépens d'une sphère privée qui est relativement de plus en plus réduite. La pression sur la sphère privée est donc souvent au delà du supportable. La sphère privée en France subit la double pression de la concurrence internationale et d'une emprise exceptionnelle de la sphère publique.

Pour porter cette charge excessive, la sphère privée en France est astreinte à l'un des niveaux de productivité parmi les plus élevés du Monde. Remarquons aussi que les entreprises qui ont survécu à l'hostilité fiscale et bureaucratique en France, sont des championnes à l'étranger.

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Il est temps de relacher la pression. Il est temps de revenir vers de sains équilibres.
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En matière d'enseignement, de santé, de fiscalité, de retraite, de collectivités locales, de chômage, les solutions développées dans le présent blog permettent précisément de changer sans délai et en douceur le sens de la courbe des dépenses, tout en maintenant les prestations. Ce changement de sens me parait préférable à des coupes brutales.
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En suivant le chemin inverse de celui parcouru entre 1990 et 2010, les dépenses publiques peuvent être réduites d'un quart en dix ans, pour le bienfait de tous.

4 commentaires:

Hubert a dit…

Merci de cet article qui a le mérite d’être extrémement clair et accessible et donc de permettre le débat démocratique.
J'espère qu'il s'engagera

Sylvain JUTTEAU a dit…

Merci Hubert, je suis très content d'avoir atteint l'objectif de clarté, ... au moins pour un lecteur !!! ;-)

Anonyme a dit…

Clair, lucide, ... qu'attendez-vous pour faire de la politique ?

Sylvain JUTTEAU a dit…

En publiant ce blog, je fais déjà de la politique.

Je maintiendrai cette voie et l'amplifierai, sans aucun doute.

Et j'aurai un jour un engagement complet dans l'activité politique, mais en attendant mes engagements professionnels me vont très bien.

Bien cordialement..