jeudi 24 février 2011

Connaissez-vous vraiment le nazisme ?



Le nazisme est certes l’incarnation du mal.

Mais cette seule référence au mal absolu est insuffisante pour en tirer des leçons. Le sujet mérite plus d’attention. On peut au moins faire l’effort de se poser les deux questions suivantes :


Quelle est l’origine du nazisme ?
Quelles sont les caractéristiques du nazisme ?


Quelle est l’origine du nazisme ?


La base originelle du nazisme est le Parti Allemand du Travail, rassemblant à sa fondation des ouvriers du chemin de fer. C’est le DAP, le « Deutsche Arbeit Partei ».

Hitler en prend le contrôle en utilisant sa force d’orateur. Il transforme ce parti en "NSDAP", "Parti Socialiste National Allemand du Travail". Il ajoute les deux premières lettres : « N » pour National et « S » pour Socialiste.

Ce parti est souvent classé à l’extrême droite sur l’échiquier politique, alors même qu’il s’agit d’un parti ouvrier, étatiste, et qui se proclame lui-même socialiste. Ce classement à l’extrême- droite permet aux autres socialistes d’éloigner un cousin encombrant.

Au-delà des polémiques que suscitera cette remarque, quelles sont les caractéristiques incontestables de ce « Socialisme National » ?

J’en relève 14. Voici la liste :

1- Une économie administrée par le pouvoir central.

2- Une prépondérance de la propagande et une maîtrise centralisée de l'information.

3- Une forte militarisation, et une prise en charge des enfants dans des structures paramilitaires.

4- L'abolition des classes sociales, avec le principe posé que les hommes doivent être d'une différence de degré et non d'une différence de nature : la déportation et l'élimination physique des catégories de la population qui sont d'une différence de nature.

5- L'émancipation de toute idée de transcendance.

6- Les réunions de masse, les défilés de masse.

7- Un parti qui contrôle l'appareil d'Etat, avec tous les organes de pouvoir organisés en double commande entre l'Etat classique et le Parti.

8- Une domination de l'Homme sur la nature, et la doctrine de l'"Homme Nouveau".

9- Le progressisme basé sur la confiance intangible dans la science moderne.

10- Les services secrets érigés en pépinière de dirigeants politiques.

11- La négation de la responsabilité individuelle et le postulat de la responsabilité collective.

12- La persécution des religieux.

13- La violence comme moyen d'action incontournable.

14- Le peu de prix accordé à la vie humaine.


Maintenant, je vous propose un exercice.

Regardez à nouveau chacun de ces 14 points, et comparez avec le socialisme soviétique.

C’est édifiant. Tout est identique.

Ce qui est plus troublant encore, c’est qu’en poussant plus loin l’analyse, on peut voir que la ligne directrice commune au socialisme national et au socialisme soviétique apparaît être la culture de mort.

Dans ces deux socialismes, la légitimation de la violence, l'abolition de la critique par la maîtrise centralisée de l'information, le postulat de la responsabilité collective, la négation de la part de transcendance en l’Homme, sont autant de facteurs qui en effet interagissent pour la destruction de la vie.  C'est le sens de la tête de mort tatouée sur le torse de Staline, et de celle figurant au fronton de la casquette des SS.

Je fais observer aussi que l'alliance entre les deux principaux socialismes du XX° siècle, le socialisme national, et le socialisme soviétique, scellée par le Pacte Molotov-Ribbentrop du 23 août 1939, est donc plus qu'une alliance stratégique. C'est une alliance entre deux systèmes de même nature.

Je remarque enfin qu'il a fallu une opération de propagande puissante, continue, obstinée, pour que le socialisme national allemand soit vu par le sens commun comme étant à l'extrême droite. Notons que l'attitude opportuniste d'une certaine droite antisémite dans plusieurs pays face aux socialistes nationaux a semé la confusion, et facilite le travail de la propagande.

Cette propagande pour rejeter le socialisme national à l'extrême droite est le fait de tous les socialistes, qui peuvent en effet craindre la révélation du caractère mortifère de leurs idéaux.

D'ailleurs, regardons à nouveau cette liste de quatorze points. A l'exception du militarisme, de l'élimination d'une catégorie de la population par la déportation, et de l'utilisation des services secrets comme pépinière de dirigeants politiques, ces points sont aussi des caractéristiques des autres socialismes européens.
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Par exemple, concernant le point cinq de cette liste de quatorze points, l'article 1 de la déclaration de principe du Parti Socialiste français pose que : "Le but de l’action socialiste est l’émancipation complète de la personne humaine."

Cette idée apparait séduisante dans sa présentation. Mais cette idée permet de comprendre à quel point les socialismes ont le même fondement.

D'abord, je crois qu'il est préférable de pratiquer l'amour de son prochain plutôt que de souhaiter s'en émanciper. Si on accepte d'y réfléchir, on voit que l'émancipation complète est un individualisme, une déclaration d'hostilité à la vertu de charité.

Ensuite, cette émancipation complète est aussi l'émancipation de toute dimension transcendante. Cela ouvre la possibilité de disposer de la totalité de l'autre, puisqu'il n'est qu'un amas de matière. Tout en lui est atteignable.

Enfin, l'émancipation de la transcendance permet aux pulsions mortifères de s'exprimer sans aucune crainte de l'au-delà.

Vous l'aurez compris, mes positions sont à l'inverse du socialisme :

- Je crois que plus la charité est développée, plus les solidarités familiales et amicales sont fortes, plus l'intervention collective est inutile. Au contraire, plus le collectivisme est développé au-delà du nécessaire, plus il fait dépérir la vertu de charité. Le collectivisme favorise une relation verticale entre l'Etat et les individus, au détriment des relations horizontales.

- Je crois que la vie humaine comprend une part d'inconnu, qui nous garantit de n'être jamais complètement entravé par un autre.

Mais il ne faut pas, par rejet des idolâtries socialistes, se fourvoyer dans l'idolâtrie de l'argent. Il existe une voie centrale, débarassée de ces idolâtries, et les solutions pratiques de sa mise en oeuvre sont développées dans le présent blog.

3 commentaires:

figaro a dit…

Je vous propose un autre jeu. Prenez ces 14 points et comparez-les à un régime islamiste...

Sylvain JUTTEAU a dit…

Bonjour Figaro.

Oui, j'accepte l'exercice que vous proposez, en prennant l'Iran comme référence :

1- Une économie administrée par le pouvoir central.

---> Non, l'Iran bénéficie d'une liberté économique, dans ce même paradoxe apparent qui prévalait sous le régime de Pinochet. D'ailleurs, les religieux considèrent l'économie comme une donnée secondaire et même triviale.


2- Une prépondérance de la propagande et une maîtrise centralisée de l'information.

---> Non, il y a des courants variés d'opinion qui circulent, par exemple entre les "durs" et les "modérés". Il n'y a pas à proprement parler de maîtrise centralisée de l'information, mais il y a des tabous très forts sur certains sujets, et dans ce cadre des courants de pensée s'expriment. La nuance est de taille.


3- Une forte militarisation, et une prise en charge des enfants dans des structures paramilitaires.

---> Non, les structures paramilitaires à destination des enfants demeurent un "privilège" des régimes socialistes.


4- L'abolition des classes sociales, avec le principe posé que les hommes doivent être d'une différence de degré et non d'une différence de nature : la déportation et l'élimination physique des catégories de la population qui sont d'une différence de nature.

---> Nous sommes sur ce point dans une différence fondamentale entre les socialismes et l'islamisme. Dans l'islamisme, il y a des religieux qui constituent précisément une classe différente.


5- L'émancipation de toute idée de transcendance et la persécution des religieux.

---> Au contraire, la transcendance est invoquée à tout moment, et les religieux sont valorisés. Il sont même à mes yeux valorisés à tort dans le domaine du pouvir temporel.


6- Les réunions de masse, les défilés de masse.

---> Chacun a certes en tête des images de foules fanatiques en Iran. C'est un fait. Mais a ce que je sache, la particularité des ayatolahs n'est pas de soulever les foules dans les stades, et de faire de puissants défilés militaires...



7- Un parti qui contrôle l'appareil d'Etat, avec tous les organes de pouvoir organisés en double commande entre l'Etat classique et le Parti.

---> Non, car il y a pluralité partisanne, d'où d'ailleurs la triche aux dernières élections et la colère des opposants.


8- Une domination de l'Homme sur la nature, et la doctrine de l'"Homme Nouveau".

---> Non, dans l'islamisme, c'est Dieu qui domine la nature, et il n'y a pas trace d'une doctrine de l'"Homme Nouveau".


9- Le progressisme basé sur la confiance intangible dans la science moderne.

---> Dans l'islamisme la science moderne est dépassée en tout point par Dieu, et on doit accorder sa confiance à Dieu plutôt qu'à la science.


10- Les services secrets érigés en pépinière de dirigeants politiques.

---> Non, la pépinière de dirigeants politiques, c'est le "clergé".

Sylvain JUTTEAU a dit…

11- La négation de la responsabilité individuelle et le postulat de la responsabilité collective.

---> Non, dans l'Islam, et d'ailleurs dans toutes les religions traditionnelles, chacun est responsable de ses actes devant Dieu.


12- Des velléités d'hégémonie.

---> Oui, c'est un point commun.


13- La violence comme moyen d'action incontournable.

---> Non, le véhicule de transmission du courant islamiste est le prêche, et la conquête des consciences. La domination par la force militaire par exemple est aujourd'hui plus le fait des occidentaux que des régimes islamistes. Les faits sont têtus.


14- Le peu de prix accordé à la vie humaine.

---> Non, la vie humaine comprend dans l'islam et dans toutes les religions traditionnelles une dimension indestructible, transcendante, et sacrée.


En effet, la comparaison est intéressante sur les 14 points.

Il y a un seul point commun, le n°12, et je pourais le retirer de la liste des 14 points car il n'est en effet pas un critère assez distinctif des régimes socialistes.

Bien cordialement.