samedi 5 mars 2011

Quelles sont les raisons de la réussite de l’Allemagne ?




La Cour des Comptes a publié un rapport  spécial comparant la France et l’Allemagne.

La Cour concentre ses remarques sur les dix dernières années. 

Si vous souhaitez vous épargner la lecture des 312 pages, voilà quelques courts extraits :


La dépense publique


"Entre 2000 et 2008, l’Allemagne a ralenti l’évolution de sa dépense publique pour la ramener sous la moyenne de l’Union européenne à 27, ce qui n’a pas été le cas de la France.

Le rapport entre la dépense publique et le PIB a ainsi diminué entre 2000 et 2008 en Allemagne (de 45,1 % à 43,8 %) alors qu’elle est passée en France de 51,6% à 52,8%. La hausse de la dépense publique en France a certes été comparable à celle observée en moyenne au sein de l’Union européenne à 27 (de 45,2 % en 2000 à 46,9 % en 2008), mais elle est intervenue à partir d’un niveau plus élevé que la moyenne.
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En 2009, du fait des mesures de relance et de la hausse des dépenses de protection sociale, la dépense publique a atteint 47,5 % du PIB en Allemagne mais 56 % en France (moyenne de 50,8 % dans l’UE à 27).

L’écart entre la France et l’Allemagne est donc passé de 6,5 points de PIB à 8,5 points en moins de dix ans, le dynamisme de la dépense locale et sociale expliquant pour l’essentiel cette évolution."



La dette



"La France avait abordé les années 2000 dans une meilleure situation que l’Allemagne, dont les finances publiques étaient encore pénalisées par la réunification : en 2000 la dette publique française (57,3 % du PIB) était inférieure à celle de l’Allemagne (59,7 %) et à la moyenne de l’Union européenne à 27 (61,9 %).

La situation s’est inversée à partir de 2003 : les dettes allemande et française sont devenues supérieures à la dette moyenne européenne. Mais entre 2004 et 2008, sous l’effet conjugué de la croissance du PIB et de la réduction de son déficit budgétaire, l’Allemagne a stabilisé son niveau de dette.

La crise économique et les mesures de soutien public qu’elle a imposées ont ainsi conduit à une hausse de la dette publique allemande d’environ 10 points de PIB (de 66,3 % en 2008 à 75,9 % en 2010), mais d’environ 20 points en France (de 67,5 % en 2008 à 83 % en 2010)."



L’imposition du travail



"Depuis 2000, l’Allemagne a réduit les prélèvements obligatoires assis sur le travail, alors qu’ils sont restés stables en France. Ils représentent en 2008 22,6 % du PIB en France et 21,8 % en Allemagne, soit un écart de 0,8 point en faveur de l’Allemagne alors que l’écart était d’1,5 point en faveur de la France en 2000."



L’imposition du capital



"Le taux d’imposition implicite du capital en Allemagne a fortement diminué depuis 2000. Il est aujourd’hui nettement en dessous de la moyenne de l’Union européenne à 25, alors que la France se place significativement au-dessus. La France impose ainsi l’ensemble du capital à 38,8 % en 2008, contre 23,1 % en Allemagne et 26,5 % en moyenne dans l’UE à 25."


Une des conséquences de ce comportement plus lucide en Allemagne, c'est une croissance différente entre les deux pays : 



Les perspectives de croissance



"En moyenne, la croissance annuelle française entre 2000 et 2010 s’établit à 1,5 %, contre 1,1 % en Allemagne. Conséquence de la réunification et de la politique menée pour restaurer la compétitivité de l’économie, la croissance annuelle du PIB réel en Allemagne n’a en effet jamais été supérieure à 1,2 % entre 2000 et 2005, alors qu’elle a atteint 2,5 % en 2004 et 1,9 % en 2005 en France.
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L’écart entre les deux pays s’est toutefois inversé dans les années suivantes.
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Sur la période 2006-2008, alors que le PIB allemand avait augmenté de 2,4 % environ en moyenne, cette augmentation n’était plus que de 1,6 % en France. Si l’Allemagne a été plus affectée que la France par la crise économique en 2009 (-4,7 % pour le PIB allemand, -2,6 % pour la France), la sortie de crise est beaucoup plus rapide en Allemagne qui connaîtra une croissance nettement supérieure à celle de la France sur les années 2010-2012."

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La Cour des Comptes, par la solidité de ses analyses, permet de mettre en lumière que la France est en cours de naufrage en raison des orientations données, et hélas accentuées depuis dix ans. La dérive des dépenses publiques est la première menace pour notre pays :

- Le niveau des dépenses a atteint le record absolu de 56% de la richesse produite (tout en prétendant réaliser une politique contraire...).
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- Entre 1988 et 2008, le nombre fonctionnaires a progressé d'un million (la stabilisation de la fonction publique d'Etat est plus que compensée par le développement insensé des autres fonctions publiques).
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Les solutions sont multiples. Chacune de ces solutions est une invitation à un comportement individuel plus vertueux. Voilà par exemple quatre solutions développées dans ce blog :

1- Moduler les rémunérations des hauts fonctionnaires en fonction de l'évolution de la dette publique. Voir ICI, dans la deuxième partie du texte.

2- Interdire les transferts d'argent de l'Etat vers les collectivités locales, et rendre ces collectivités locales responsables de leurs ressources fiscales devant les électeurs (l'Etat verse chaque année 75 milliards d'€ aux collectivités locales, hors du contrôle réel des citoyens. C'est plus de la moitié du déficit public). Voir par exemple ICI le paragraphe consacré à la fonction publique territoriale.

3- Fusionner toutes les allocations dans une allocation unique pour éviter les fraudes et réduire les coûts de redistribution (il y a plus de 40 allocations différentes). Voir ICI l'article sur le revenu minimum.

4- Intéresser financièrement chaque médecin généraliste au budget santé de chaque patient, pour des choix thérapeutiques plus efficients (il y a par exemple des soins qui sont 40% plus chers dans certains hopitaux). Voir la solution développée ICI.
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Sur tous les sujets, la solution existe sur ce même principe de vertu, en débarassant la politique de l'idéologie, et en choisissant la voie centrale.
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D'ailleurs, si nous retrouvons un comportement vertueux, nous redécouvrirons que le bonheur est un des fruits délicieux de la vertu. Alors, pourquoi s'en priver ?...

Que celui qui a une meilleure solution se lève et le prouve.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Monsieur,
Votre analyse de la situation comparée de l'Allemagne et de la France est tout à fait pertinente.
J'y ajouterais un commentaire "de bon sens", les allemands sont:
- plus responsables (ou moins égoïstes que les Français)
- plus courageux (ou moins fainéants que ces mêmes Français)
- plus fiers de leur patrie, de leur Nation et à ce titre, ils jouent "plus collectifs" !
dA

Sylvain JUTTEAU a dit…

@ dA

Merci pour votre commentaire.

Oui, les allemands sont peut être plus vertueux aujourd'hui.

Dans les années 30 et 40, ils ont souffert des conséquences des dérives des dépenses publiques. Le souvenir en est encore douloureux et vivace, et c'est peut-être là l'origine de leur vertu.

En France, un choc de cette ampleur date de la production des assignats au XVIII° siècle. Le temps a fait son oeuvre d'effacement, et nous sommes devenus légers et insouciants.

Par exemple, la réforme fiscale est aujourd'hui réduite à une discussion sur une variation de quelques centaines millions d'€ pour l'ISF et le bouclier fiscal, alors que les déficits dépassent 140 milliards d'€...

Vous chantiez ? Eh bien dansez maintenant.

Bien cordialement.