mardi 19 octobre 2010

Faire payer les ultras riches...



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L’homme le plus riche de France possède 23 milliards d’€, et au total la France compte 40 milliardaires, selon le dernier classement du magazine Challenges .

Les 154 milliards d'€ cumulés par ces 40 ultras riches sont pour l’essentiel des participations, parfois majoritaires, dans des entreprises privées :

- LVMH, GROUPE AUCHAN, L'OREAL, HERMES, LOUIS-DREYFUS, DASSAULT, PPR, CHANEL, LABORATOIRES SERVIER, JCDECAUX, BOLLORE, GALERIES LAFAYETTE, PERNOD RICARD, BOUYGUES, PEUGEOT, CLARINS, SODEXO, YVES ROCHER, CHRISTIAN DIOR, BIC, SEB, COINTREAU, etc…


Au plan moral, il peut sembler inacceptable que tant de richesses soient cumulées par quelques uns alors que d’autres rencontrent des difficultés financières.

Au plan idéologique, certains pensent qu’il faudrait établir la propriété collective des moyens de production car seuls les « travailleurs » produiraient la richesse réelle.


Alors, faisons payer les riches ?

La dette publique à l’heure où j’écris est de 1579 milliards d’€. Si l’on exproprie tous les milliardaires de France, qui détiennent 154 milliards d’€, on peut rembourser moins d'un dixième de la dette. Aïe ! Prendre tout l'argent des milliardaires pour rembourser la dette est inapproprié.

Et si l’on utilisait l’argent des riches pour payer les dépenses publiques ? La dépense publique est de 1100 milliards d’€ en 2010 (prévision). La fortune cumulée de tous les milliardaires français permettrait de tenir pendant 1 mois et 20 jours. Ouïe ! Exproprier la totalité des milliardaires pour assurer le train de vie de l’Etat et des dépenses publiques permettrait de tenir moins de deux mois.

De plus, pour obtenir de l’argent distribuable, il faudrait vendre ces entreprises détenues par les ultras riches à d'autres très riches particuliers, mais étrangers cette fois-ci, ou à des fonds d’investissements. Cela implique de perdre le contrôle de ces entreprises, et d'accentuer les risques de délocalisations d’activité.

Prendre aux riches, c’est possible. C’est possible, mais c’est sans commune mesure avec l’étendue du problème réel, et c'est redoutable au plan des conséquences économiques.


Quelle est la solution ?

La solution envisagée à droite comme à gauche est d’augmenter la pression fiscale, pour sortir de l’impasse d’endettement et de déficits dans laquelle nous sommes. Mais c’est un leurre. Pour revenir à l'équilibre, il faudrait augmenter les prélèvements de 738 € par mois pour un foyer moyen avec deux enfants (calcul sur la base des chiffres INSEE pour 2009), sans compter le remboursement de la dette.

La solution réelle est donc ailleurs. Elle consiste à augmenter la qualité de gestion, et à réduire les gaspillages. Les sources de gaspillage à traiter en priorité sont dans les collectivités locales, dans l’éducation, dans la santé, et dans les allocations sociales.

Chacun de ces sujets a une solution, qui doit être mise en œuvre avec prudence et tempérance, tant notre pays est éreinté et à fleur de peau. Les solutions sont développées et chiffrées dans le présent blog (par exemple, au sujet du chômage, qui est à la source de nombre de déséquilibres, la solution est développée ICI).
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Pour mesurer la situation de façon plus complète, il est intéressant de consulter le rapport suivant de la Cour des Comptes ICI, et dont voici un extrait :

"Arrêter l’emballement de la dette est urgent : l’accumulation des charges financières aura plus d’impact sur les comptes publics à long terme que le vieillissement de la population.

Les réformes structurelles doivent donc être complétées par des mesures ayant un impact fort et rapide sur les comptes publics, dès 2011.

L’effort doit porter en priorité sur les dépenses et des mesures difficiles sont nécessaires pour freiner la masse salariale publique, les prestations sociales et les interventions de l’Etat."

8 commentaires:

Le Cri du Contribuable a dit…

Quid de la réduction du périmètre de la puissance publique ?

Sylvain JUTTEAU a dit…

Oui, vous pensez que la collectivité publique, non seulement gaspille dans son activité, mais aussi qu'elle développe des activités qui relèveraient de façon plus efficace d'initiatives autonomes des citoyens, par exemple sous la forme associative, ou sous la forme d'entreprises privées.

Je crois que vous avez raison de soulever ce point fondamental.

Pour y répondre, j'ai démontré que l'intervention collective optimale est proportionnelle au rapport entre l'utilité et la cessibilité, déduction faite de l'altruisme.

Dit de cette façon, c'est clair comme du jus de chaussette. Pour y voir plus clair, je vous invite à regarder le développement de ce principe dans ce même blog par l'article suivant :

http://sylvainjutteau.blogspot.com/2010/05/production-publique-ou-production.html

Bien cordialement.

yazan a dit…

immoral tout simplement!
Puisque les riches ne peuvent à eux seuls rembourser la dette, autorisons leurs toutes les indécences comme c'est le cas depuis l'avènement du petit Napoléon!
Réduire les services publics (comme le prône votre solution miracle)? ou augmenter la pression fiscale? Même combat... Par exemple, moins de sécu = plus de caisses d'assurances privees qu'il faudra bien financer d'une manière ou d'une autre.
Et quid d'une taxe des marchés secondaires boursiers basée sur la durée de l'investissement, puisque l'investissement à court terme est responsable de tous nos maux (dont une augmentation monstrueuse de la dette depuis un an), taxons à fort taux cet investissement de courte durée et tellement improductif! Cela de fera certainement pas plus fuir les capitaux que les défiscalisations à la sauce sarkozy ne les ont pas fait revenir en france!!!!!
Chiche????

Sylvain JUTTEAU a dit…

@ Yazan

Vous écrivez :

immoral tout simplement!

Je suis d’accord qu’il y a un aspect moral au sujet de la répartition des richesses.

Mais je montre de façon factuelle que les riches sont incapables financer les déséquilibres. Cela fait tomber vos illusions, mais vous êtes incapable de lutter contre l’évidence comptable.


Vous écrivez :

Puisque les riches ne peuvent à eux seuls rembourser la dette, autorisons leurs toutes les indécences comme c'est le cas depuis l'avènement du petit Napoléon!

En quoi leur incapacité à rembourser leur permettrait un comportement indécent ? Votre raccourci est inexpliqué.


Vous écrivez :

Réduire les services publics (comme le prône votre solution miracle)? ou augmenter la pression fiscale? Même combat...

Je comprends votre crainte. Mais il y a une autre façon de voir le monde, c’est de croire que le service public peut réduire ses gaspillages.

Une meilleure organisation est possible. Ce sont ces solutions d’organisation que je décris tout au long de mon blog.

Prenons une analogie avec l’automobile : il y a cinquante ans, il fallait 15 litres d’essence pour faire cent kilomètres. Aujourd’hui, il en faut 5.

Vous écrivez :

Par exemple, moins de sécu = plus de caisses d'assurances privees qu'il faudra bien financer d'une manière ou d'une autre.

C’est un très bon exemple. Dans le système de santé, les défauts de l’organisation sont une source de gaspillages. Par exemple, l’hôpital public génère un surcoût de 30 à 40% pour une pathologie et des populations identiques par rapport à l’hôpital privé.

L’hôpital privé assure une délégation de service public : le financement reste public, et la structure privée est chargée d’utiliser les fonds au mieux.

C’est pourquoi les barèmes de remboursements de soins aux hôpitaux privés sont moins chers.

Personne ne nie ces données, établie par des rapports d’études différents et concordants. Pourtant, les hopîtaux publics gardent le "privilège" de gaspiller.

Sylvain JUTTEAU a dit…

(suite de la réponse @ yazan)



Vous écrivez :

Et quid d'une taxe des marchés secondaires boursiers basée sur la durée de l'investissement, puisque l'investissement à court terme est responsable de tous nos maux (dont une augmentation monstrueuse de la dette depuis un an), taxons à fort taux cet investissement de courte durée et tellement improductif! Cela de fera certainement pas plus fuir les capitaux que les défiscalisations à la sauce sarkozy ne les ont pas fait revenir en france!!!!!
Chiche????



Je comprends votre intention, et je comprends le procédé que vous voulez employer. D’ailleurs, les Suédois l’ont si bien compris qu’ils ont essayé cette taxe pendant quelques mois avant de revenir en arrière, car tous les capitaux fuyaient vers le marché londonien. A moins d’être purement symbolique, cette taxe a le défaut de ne pouvoir être valable que le jour où la totalité des pays l’adopteront, tant les mouvements de capitaux sont fluides.

(si l’on veut instaurer une taxe mondiale, je crois beaucoup plus à l’utilisation des Droits de Tirages Spéciaux, qui sont de fait un prélèvement sur la masse monétaire mondiale.)


D’autre part, vous affirmez que l’investissement à court terme est responsable de tous nos maux, dont une augmentation «monstrueuse » de la dette.

Oui, c’est vrai, l’investissement à court terme est absurde, déconnecté de la production de richesse. L’investissement à court terme a accéléré le gonflement de la bulle financière.

L’éclatement de cette bulle a gelé les financements normaux et efficaces de l’économie, et fait exploser le chômage dans les vieux pays industrialisés.

Ces pays, dont la France, ont réinjecté de l’argent public dans les banques et dans des dépenses de « relance », ce qui a fait gonfler leur dette.

Oui, tout cela est vrai, je suis d’accord avec votre affirmation.

Mais à l’origine, avant, la crise, d’où est venu tout cet argent excédentaire qui fait le tour de la planète ? D’où vient ce volume financier déconnecté de la réalité ? Pourquoi les banques centrales avaient-elles injecté autant d’argent dans les circuits économiques ? Qui a donné les ordres ? Qui avait besoin de plusieurs milliers de milliards de dollars ? Les compagnies pétrolières ? L’industrie automobile ? L’industrie informatique ? Les banques ? Non, aucun de ceux-là. Regardez-bien leurs chiffres d’affaires, leurs besoins financiers n’ont rien à voir avec ces sommes.

Je vous laisse trouver la réponse.

Bien cordialement.

Le Cri du Contribuable a dit…

« Je suis d’accord qu’il y a un aspect moral au sujet de la répartition des richesses. »

Lequel ?

Sylvain JUTTEAU a dit…

@ Cri du contribuable.

Votre courte question appelle un développement.

La morale, c'est le respect de règles de comportement issues de principes tels que la préservation de la vie ou la protection de la cellule familliale (ne pas tuer, ne pas convoiter la femme d'autrui, etc...). Le corpus de règles morales permet d'apprécier la qualité d'un comportement.

L'argent ne relève pas du domaine qualitatif, mais est au contraire une quantification. C'est une quantification de la valeur d'un bien ou d'un service. L'argent permet de rendre les choses équivalentes entre elles, alors qu'elles sont différentes au plan de la morale.

Citons un exemple.

"Si je travaille dur pendant vingt ans, je gagnerais autant d'argent que si je spolie une riche héritière."

On voit dans cet exemple que l'argent est de nature à contrarier la morale, et que l'argent peut être gagné plus aisément en faisant fi de la morale.

C'est pourquoi la concentration de richesses entre les mains d'un petit nombre a une dimension morale. Le riche a-t'il cédé à la facilité de faire fi de la morale pour s'enrichir plus vite ? Bien sûr, je ne réponds pas à la question. En revanche, j'affirme que la question se pose (alors que pour le pauvre, la question de la source de l'enrichissement ne se pose pas !...).

Bien cordialement.

Le Cri du Contribuable a dit…

D'accord. Je craignais que vous ne considéreriez que toute inégalité de richesse, même due à la différence de talent et de travail,soit injuste.