mardi 2 février 2010

Comment sortir du collectivisme ?


(source des chiffres : vie-publique.fr, INSEE, OCDE ; graphique : Sylvain JUTTEAU)


En France, le gouvernement actuel serait « néo-libéral »...?

Les faits montrent que l'on s'obstine à s'enfoncer au contraire dans l'économie administrée.


Faisons un tour d'horizon en cinq points :


1- La France est le seul pays de la zone euro dont les dépenses publiques sont supérieures à 50% de la valeur produite. Et les dépenses publiques continuent encore de progresser, au grand désespoir de la Cour des Comptes, des Institutions Internationales, et de nos partenaires européens qui ont eu la naïveté de croire à nos engagements de modération et d'équilibre.

2- Le président intervient à hue et à dia dans les affaires industrielles, tant pour les nominations que pour injecter des subventions.

3- L'annonce du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux concerne les fonctionnaires d'Etat de l'administration centrale, mais dans le même temps la fonction publique hospitalière et la fonction publique locale augmentent beaucoup plus que ces diminutions. En d'autres termes, le périmètre de la fonction publique progresse.

4- La fiscalité est de plus en plus interventionniste, et devient une fiscalité "punitive", comprenant à titre d'exemple la taxe carbone. Et le nombre de taxes nouvelles se multiplie.

5- Le nombre de nouveaux textes de lois bat des records, laissant de moins en moins de champ aux rapports contractuels, qui sont l'un des piliers du libéralisme. Dans ce contexte d'excès réglementaire, les commissions, hautes autorités administratives, et autres machins bureaucratiques prolifèrent au lieu d'être réduits.
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Il est vrai que les effets d'annonce ont été nombreux pendant la campagne présidentielle, au profit d’une chimère « néo-libérale ».

Mais si nous regardions chacun des points qui semblent justifier cette thèse ? Voilà ce que reprochent les bien pensants :

- détaxation des heures supplémentaires
- bouclier fiscal
- réduction de l'imposition des ultra-riches, valorisation de la rente au détriment du travail
- promotion de la spéculation et délaissement de l'économie réelle
- menaces ouvertement exprimées sur la "liquidation" du système social Français issu du conseil national de la résistance et du Gaullisme
- encouragement au crédit, promotion du système des subprimes


Détaillons.


-----> Détaxation des heures supplémentaires :

En réalité, la détaxation des heures supplémentaies est une mesure interventionniste en faveur de l'allongement de la durée du travail. La modulation de taxations en fonction d'un comportement procède d'une croyance en l'efficience de l'intervention publique.

Aucune mesure libérale à l'horizon...


-----> Bouclier fiscal, réduction de l'imposition des ultra-riches  :

Pour le marxisme, la concentration progressive de la richesse est inexorable et conduit à la constitution d'un lumpenprolétariat de plus en plus nombreux, et à terme à l'explosion du système. Ce postulat économique est utilisé par la propagande, qui se nourrit aussi au passage du sentiment peu glorieux de jalousie pour crier haro sur les riches.

Dans ce contexte, le gouvernement Mauroy a institué en 1981 l'impôt sur la "Grande Fortune".

Force est de constater que cet impôt est maintenu par le président actuel.

Le bouclier fiscal, lui, a servi à protéger les contribuables avec un gros patrimoine et un petit revenu. On a pu citer à ce sujet les propriétaires de maisons anciennes sur l'Ile de Ré, qui étaient rincés par l'impôt sur la fortune. Ils disposaient d'une pension de retraite inférieure à leur impôt à payer. Le bouclier fiscal a remédié à des situations atypiques et ponctuelles.

Quant aux vrais riches, ils ne sont pas assez idiots pour laisser leur fortune en France et se faire grignoter par la fiscalité (si l'on sait qu'il y a des "paradis fiscaux", on devine aussi assez vite où est l'enfer fiscal...). Seules les fortunes professionnelles restent en France, puisqu'elles sont exonérées d'impôt sur la fortune. Voyez à ce sujet les classements des plus grandes fortunes de France, et construisez par vous-même votre opinion.

Une mesure libérale aurait consisté à supprimer l'impôt sur la fortune, et à remplacer l'impôt progressif sur le revenu par un impôt proportionnel, voire forfaitaire. Qu'on le déplore ou qu'on l'approuve, aucune mesure n'a été prise en ce sens.



-----> Promotion de la spéculation et délaissement de l'économie réelle

Cette affirmation répétée sans cesse ne repose sur aucune mesure gouvernementale pratique, et m'apparaît relever d'un à priori auto-entretenu.

En réalité, l'excès de masse monétaire circulante, les excès de la finance, les bulles spéculatives, ont pour source un laxisme des banques centrales, qui ont cru que la monnaie était une valeur, et non pas une représentation de la valeur. Il y a un bouleversement des valeurs et une idôlatrie de l'argent.

La monnaie a été injectée en masse sur la base de la croyance que cette injection stimulerait l'économie réelle. Cette injection en masse n'a fait que provoquer des déséquilibres, a rendu obèse la sphère financière, et provoqué les désordres que l'on sait.

Mais le gouvernement actuel a été avant la crise tout à fait passif et inconscient sur ce sujet. Les évènements se sont produits hors de sa portée. Et lorsque la crise est survenue, l'interventionnisme a prospéré.

Une mesure libérale aurait consisté à arrêter l'interventionnisme monétaire, et à rétablir la responsabilité des banques en évitant de sauver de la faillite les plus verreuses, quite à indemniser en direct les déposants. Nous sommes loin de constater des mesures libérales sur ce sujet...!


------> Menaces ouvertement exprimées sur la "liquidation" du système social Français issu du conseil national de la résistance (CNR) et du Gaullisme.

Oui, les mouvements de menton ont été nombreux. C'est vrai. Mais l'inaction est frappante.

Aucun des pilliers posés par le CNR n'a été remis en cause. Ni sur l'assurance chômage, ni sur la Sécurité Sociale, ni sur le système de santé, il n'est mis en oeuvre de changement de nature.

Nous assistons à des réglages du système existant en vue de le prolonger (...jusqu'à explosion ?).


------> Encouragement au crédit et promotion du système des subprimes :

Il est tout à fait exact que dans un des discours de la campagne électorale le système des subprimes a été vanté comme un modèle à copier. Observons que ce système est resté à l'état de simple proclamation en France.

Et, ....patatras, il y a un observateur attentif et malicieux qui a ressorti un extrait de ce discours après l'éclatement des subprimes. Au final, ce sujet s'est conclu par une grosse rigolade aux dépens du malheureux auteur de la phrase prononcée pendant la campagne électorale.

Mais de là à prétendre que l'on a mis en oeuvre des mesures en faveur des subprimes, il y a un gouffre que l'honnêteté nous interdit de franchir.
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Au total, l'idée que le gouvernement actuel est néo-libéral apparaît à tous points de vue contraire à la vérité. ...Mais il est des remarques de bon sens qui ne sont audibles que par le petit nombre.
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La sortie du collectivisme, et le retour vers des équilibres plus sains entre la sphère publique et la sphère privée passe avant tout par la vision objective de la réalité. Les solutions techniques sont inopérantes sans ce travail préalable.
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Pour bien comprendre le principe de l'équilibre entre l'intervention collective l'action privée, voyez en particulier ICI.

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