vendredi 1 février 2008

Système de Santé : Remèdes contre la faillite.


Le marché de la santé est en soi un marché atypique, qui fonctionne parfois à l’inverse d’un marché normal.

Face à ce marché, je crois que nous avons appliqué jusqu’alors des solutions inadéquates.

Pourtant, des solutions saines existent pour rétablir l’équilibre.



1-La santé fonctionne parfois à l'inverse d'un marché normal.

A) C’est un marché inversé quant aux ventes.

Dans un marché normal, par exemple pour les secteurs économiques de l’automobile ou de l’alimentation, la baisse des ventes serait un signe négatif.

En revanche, dans le secteur de la santé, la baisse des ventes peut être un signe positif : protocoles peu coûteux, prévention opportune, hygiène.

C’est donc un marché inversé : si l’on vend moins, c’est bon signe dans de nombreux cas.

B) La santé est aussi un marché inversé quant à la capacité de l’acheteur.

Dans un marché normal, par exemple pour les secteurs économiques du logement ou du tourisme, le gros acheteur est celui qui possède le plus de ressources.

En revanche, dans le secteur de la santé, le plus gros acheteur est celui qui a le moins de ressources pour acheter, du fait même de sa maladie.

C’est un marché inversé du point de vue de la consommation : le gros consommateur est celui qui a le moins les moyens de consommer.


2- Face à ces situations de marché inversé, nous avons deux types de solutions. Les solutions collectivistes ou les solutions libertariennes ou "ultra-libérales".

A) En système collectiviste : les trois plaies économiques du collectivisme.

En système collectiviste, il y a des freins à la vente d'un service de qualité, pour trois raisons :

- L'attitude personnelle des acteurs a peu d'impact sur leur rémunération. Faute d’incitation à produire de la valeur, la vente d'un service de qualité est en baisse.
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- La bonne utilisation des moyens disponibles permettrait de consommer moins de budget, et engendrerait le risque d'une baisse de budget l'année suivante. Il y a une incitation fondamentale au laxisme, voire au gaspillage.
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- Les individus sont dissuadés de produire de la valeur à leur profit personnel puisqu'ils ont la certitude qu'ils seront spoliés du fruit de leur travail s'ils s'enrichissent. Le collectivisme tue l'espoir pour ceux des individus qui aspirent à la richesse matérielle. Les collectivistes oublient d'intégrer une donnée essentielle, c'est que la valeur créée est une valeur circulante : si je fais construire un hôpital sur mes fonds personnels, je donne des rémunérations à des dizaines d'artisans. Dans le collectivisme, la désincitation à créer de la valeur génère une économie de pénurie.

Ces trois caractéristiques, qui ont fait imploser le socialisme soviétique, ont un fort impact dans le système français de santé actuel.

Le seul rempart à la faillite du système à tendance collectiviste est la conscience professionnelle des acteurs. C’est pourquoi d’ailleurs la propagande dans les systèmes socialistes a joué un rôle si fort pour engendrer des motivations à produire de la valeur.
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En matière médicale, c’est la conscience professionnelle des professions médicales qui sauve le système de l’effondrement. Cette conscience professionnelle permet de réduire les dérives mais sans les supprimer.

De plus, la médecine de pointe et les innovations médicales sont un facteur d’augmentation de la complexité de l'organisation. Les dérives collectivistes ont un impact plus fort dans un système complexe.



B) En système libertarien ou "ultra-libéral": surproduction et sous-consommation

Il y a une autre solution pour remédier à la menace de faillite, c'est d'entrer dans un système libertarien, fondé sur la liberté absolue des échanges.

Mais dans un système libertarien, il y aura des surproductions et des sous-consommations.

Dans un système libertarien, les surproductions sont engendrées par le déséquilibre entre un vendeur sachant et un acheteur ignorant. Par exemple, le vendeur de médicament à intérêt à vendre beaucoup et cher.

Dans un système libertarien, il y aussi des sous-consommations engendrées par l’éviction des plus malades, qui n’ont pas les ressources pour acheter du fait de leur maladie.


Si l’on regarde d’un œil objectif, je crois que les systèmes de santé en Europe ont cumulé des défauts du système collectiviste, et des défauts du système libertarien.

Donc un retournement de tendance est nécessaire pour rétablir une situation équilibrée.



3- Il y a des remèdes pour traiter le « marché inversé » de la santé.

A) Au plan de la production.

Comme en toute matière politique, au sens de l’administration des affaires de la Cité, l’intervention optimale de la collectivité est égale au rapport entre la valeur et la cessibilité, déduction faite de l’altruisme (Ce principe est expliqué ICI) :

Collectivisation optimale = (Valeur/ Cessibilité) – Altruisme.

Au plan de la production, la valeur est élevée. La cessibilité en revanche est trop forte du fait de l’ignorance de l’acheteur par rapport à un vendeur sachant.

L’altruisme des soignants est quant à lui élevé, et renforcé par le serment d’Hippocrate. Mais les acteurs non soignants du système de santé ont un altruisme moindre.

Le système de santé n’est plus composé exclusivement de médecins. La chaîne de production est plus longue qu’il y a un siècle. L’altruisme est donc insuffisant pour remédier au déséquilibre entre vendeur sachant et acheteur ignorant.

La collectivité a un impact réduit sur l’altruisme et sur l’utilité. Elle peut intervenir en revanche sur la trop grande cessibilité des biens médicaux, qui génère un gaspillage.

Pour traiter le déséquilibre entre un vendeur sachant et un acheteur ignorant, je propose donc que le médecin traitant soit le conseiller du patient, et intéressé à bien conseiller.

Je propose que chacun choisisse un médecin traitant. Je propose que le médecin traitant soit payé pour chaque patient tout au long de sa vie en proportion inverse du coût médical du patient.

Le médecin traitant est donc payé au plein tarif pour tous ses patients en bonne santé.

Un premier impact est la disparition des congés maladie de complaisance, car le médecin a plus intérêt à ne pas donner de congé maladie de complaisance qu’à en donner.

Un second impact est la prescription des médicaments génériques les moins chers à efficacité égale.

De façon globale, l'impact est l'élimination du gaspillage.

Cette solution présente toutefois le risque de voir des malades évincés. Tout refus de prendre en charge un patient est sanctionné par l’Ordre des Médecins si le médecin a moins de patients que la moyenne des médecins + 20%.

Ce système a prouvé sa stabilité en Chine, où il est pratiqué depuis plusieurs milliers d'années, et a survécu aux bourrasques politiques. C’est aussi le système pratiqué chez les Celtes ou les Goths, où le guérisseur était accepté et entretenu tant qu’il maintenait les individus en bonne santé.


B) Au plan de la consommation

Comme en toute matière, l’intervention optimale de la collectivité est égale au rapport entre la valeur et la cessibilité, déduction faite de l’altruisme.

Collectivisation optimale = (Valeur/ Cessibilité) – Altruisme.

Au plan de la consommation, la valeur est élevée. La cessibilité est quant à elle trop faible pour les plus malades, incapables de payer du fait de leur maladie. La cessibilité est affaiblie aussi par les tendances à la collectivisation du système de production.

Quant à l'altruisme des patients, il consiste à avoir une vie saine pour moins coûter au système. Cet altruisme existe, mais le niveau spirituel et moral de la population est insuffisant pour que cette attitude soit généralisée. Cet altruisme est également affaibli par la collectivisation du système et sa déresponsabilisation généralisée subséquente.

La collectivité peut agir sur deux éléments de l’équation.

Premier élément : augmenter l’altruisme, en diffusant de l’information pour convaincre les individus d’avoir une attitude saine. Ce sont les campagnes anti-sida, anti-tabac, anti-alcoolémie. Ce procédé est déjà utilisé. Mais on augmente aussi l’altruisme en réduisant la déresponsabilisation collectiviste.

Deuxième élément : augmenter la capacité d’achat des plus faibles.

Pour la protection des faibles consommateurs aux faibles ressources, l’unification des minimas sociaux est un préalable ( RMI, AAH, Minimum Vieillesse, etc...)

Cela permet d’instaurer pour chacun une obligation d'assurance, en rétablissant le choix d’assurance.

Le choix d’assurance a la double vertu de rétablir une perception de responsabilisation et de redonner une efficacité de gestion des fonds.

Je propose que l'assureur se conforme au cahier des charges de remboursement en vigueur pour la Sécurité Sociale. Mais pour assurer au cahier des charges sa stabilité et son caractère transparent, toute modification de ce cahier des charges ne peut être fixé que par voie législative. L’assureur garde la faculté de proposer une prestation au-delà de ce cahier des charges, mais est contraint à un contrat et une tarification uniques.

Pour éviter les écueils du système américain, l'assureur a interdiction d'intervenir dans la décision de soin ; il paie le médecin et l’ensemble des acteurs pour des montants et des délais fixés au cahier des charges. Le refus d'assurer est sanctionné.


Des médecins financièrement intéressés à la bonne santé plutôt qu’à la maladie, et des assurés rétablis en tous pays dans leurs droits de choisir leur assureur, ce sont les deux piliers pour rétablir un système équilibré et durable.

C’est à mes yeux à l’échelle de l’Union Européenne que ces principes sont à instaurer, à charge pour chaque membre de l’Union de faire le choix de les intégrer dans sa législation nationale.
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Sur le principe "Collectivisation Optimale = (Valeur/Cessibilité) - Altruisme", voir l'article : "Le libéralisme est-il une idole " ?

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Plan de l'article

1-La santé fonctionne parfois à l'inverse d'un marché normal.

A) C’est un marché inversé quant aux ventes.
B) La santé est aussi un marché inversé quant à la capacité de l’acheteur.
2- Face à ces situations de marché inversé, nous avons deux types de solutions. Les solutions collectivistes ou les solutions libertariennes.
A) En système collectiviste : les trois plaies économiques du collectivisme
B) En système libertarien, ou "ultra-libéral" : surproduction et sous-consommation
3- Remèdes pour traiter ce « marché inversé ».
A) Au plan de la production
B) Au plan de la consommation

3 commentaires:

Laurence a dit…

Vous me faites penser à quelqu'un mais je ne saurais plus dire qui...

philippe psy a dit…

Cher ami, ce que vous dites semble passionnant. Toutefois, je dois vous avouer que n'ayant pas un boulot de feignant, j'ai à cette heure-ci la tête dans le cul.

Aussi me pardonnerez vous de ne vous mettre que ce mince commentaire. De toute manière, en ce qui concerne la santé, le must c'est :

http://quitter_la_secu.blogspot.com/

Bien à vous !

Anonyme a dit…

Excellent, tout simplement excellent. Qui aura la force de défendre vos propositions ?