lundi 30 avril 2007

Centralisation et collectivisation.

Les conceptions politiques modernes s'affrontent sur l'opportunité de plus ou moins collectiviser la production de valeur.

De plus, il y a confusion entre la collectivisation et la centralisation.

Les prises de position sur la centralisation et la collectivisation procèdent d'une idéalisation. Cette idéalisation fige les positions réciproques et freine la recherche d'un point d'équilibre durable.

Or je crois qu'au delà de l'idéalisme, il existe des Principes de répartition optima entre le centre et la périphérie, et entre la production collectivisée et la production d'initiative individuelle.

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D'une part, la centralisation optimale est proportionnelle à la duplicabilité de la valeur produite.

Si l'on écrit

centralisation optimale = CEo
duplicabilité = D
transportabilité = T

alors on peut écrire la formule :

CEo = D x T

La centralisation optimale est simple à formaliser. Mais quelle est la collectivisation optimale ? Pourquoi et jusqu'où éliminer les situations de libre marché ?

Lorsque nous sommes en situation de libre marché, la concurrence nécessite de satisfaire les clients, d'innover, et de produire avec efficacité.

Satisfaire les clients, innover, produire avec efficacité, voilà tout ce que le secteur public monopolistique est incapable de bien faire.

Mais il existe des produits et services qui sont difficiles ou impossibles à vendre, alors que leur valeur est réelle.

Par exemple, la sécurité du territoire national ou l'air pur ont une valeur incontestable mais sont difficiles à vendre sur un marché.

Autre exemple, la santé ne peut être vendue de façon optimale car plus l'on est malade, plus les ressources pour payer les soins sont faibles.

L'intervention collective est donc opportune pour ces produits et services.

La production collectiviste est certes incapable de générer une allocation optimale des facteurs de production. Elle présente toutefois quatre avantages concurentiels par rapport à une production d'initiative individuelle :

- Elle ne fait pas payer les marges bénéficiaires.

- Elle n'a pas à rémunérer le risque, et en particulier le risque concurrentiel. Les acteurs acceptent une rémunération moindre en contrepartie de la sécurité de leur situation.

- Elle économise les coûts de conquête commerciale des parts de marché.

- Elle permet d'intégrer de la production de valeur dont la cessibilité est insuffisante pour atteindre l'optimum.


Toutefois ces quatre avantages concurrentiels sont concommitament des moteurs dont se prive la production collectiviste :

- Les marges bénéficiaires sont soit les investissements de demain, soit l'incitation à investir aujourd'hui en rémunérant le capital investi.

- La rémunération du risque permet de motiver la recherche de solutions nouvelles.

- La conquête commerciale profite aux meilleures organisations et aux meilleurs produits.

- La détermination de la valeur est faite par une autorité centrale dont les erreurs sont à l'abri des sanctions du marché.


Nous pouvons tirer une première conclusion provisoire :

la collectivisation optimale est proportionnelle au rapport entre la valeur et la cessibilité.

Cette première affirmation se formule de la façon suivante :

Collectivisation optimale du marché = valeur/cessibilité.

Mais le monde n'est pas qu'intérêt financier et intérêt à agir sur le court terme. L'individu peut avoir des aspirations plus larges, plus généreuses, vouloir gagner son salut.

Par exemple, je peux éviter de polluer l'air par souci de respecter la nature, je ne veux pas agresser militairement mon voisin car le Décalogue m'interdit de tuer.

Autre exemple, je peux apporter soins et secours par amitié pour mon prochain pour l'aider à réduire sa consommation d'anxiolitiques.

Plus l'altruisme est élevé, plus l'intervention collective est inopportune. Ainsi, en intégrant cette dimension d'altruisme, nous pouvons écrire :

collectivisation optimale = ( valeur / cessibilité )- altruisme.

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Cette collectivisation optimale se traduit en plusieurs degrés

Dans l'ordre progressif :

- Fixation de règles supplétives par rapport auxquelles se positionnent les acteurs privés.
- Fixation de règles d'ordre public dans lesquelles agissent les acteurs privés.
- Cahier des charges réalisé par la collectivité, et marché attribué à une entité privée.
- Intégration d'acteurs privés et d'acteurs collectivisés dans la même opération.
- Etablissement public.
- Réalisation par des agents de la collectivité sous statut destiné à garantir leur indépendance, avec la permanence de leur emploi et l'encadrement de l'évolution salariale.

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Mais alors pourquoi la France est elle dans une situation de déséquilibre au profit du collectivisme et de ses travers ?

A mes yeux, il y a une première raison historique.

La France s'est construite à partir du centre, par gains progressifs des domaines royaux et rattachements seigneuriaux à la Couronne.

L'Histoire de France est faite de guerres territoriales décidées par le pouvoir central.

Du fait de sa position de carrefour de l'Europe, c'est l'Etat qui a construit la France malgré une géographie qui a toujours rendu la position difficile à tenir, y compris au XX° siècle.C'est pourquoi nous sommes aujourd'hui dans un pays centralisé et à domination collectiviste.

Il est certain que grâce à l'intégration politique de la France dans la dimension européenne, nous pourrons sortir de ce schéma historique qui nous contraint. La France retrouvera son équilibre en s'intégrant dans l'Europe.

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