vendredi 11 mai 2012

Le nouveau président face au mur de la réalité.






Ah, quel paradoxe que cette élection présidentielle !

A droite : un mauvais candidat avec un bon programme.

A gauche : un bon candidat avec un mauvais programme.

Ceux qui ont été incapables de sortir de ce paradoxe se sont exprimés : 2 millions de bulletins blancs ou nuls, soit 6,8% des votants !

Et collectivement, les français ont choisi de résoudre ce paradoxe en élisant un président « de gauche ».

Mais que vaut cette coloration politique quand est face aux contraintes actuelles ?

Le nouveau président est en effet soumis à une double contrainte :

- la contrainte financière

- la contrainte économique



La contrainte financière est connue, mais elle mérite d’être précisée. Les dépenses publiques dépassent les recettes de 288 millions d’€uros chaque jour !

Et pour combler ce gouffre, l’augmentation de la fiscalité a sa limite : plus la pression fiscale est élevée, plus la base imposable fuit à l’étranger. Cette fuite de la base fiscale est le fait des particuliers, les fameux « exilés fiscaux », et cette fuite est aussi le fait des entreprises multinationales qui exportent leurs profits pour les préserver. L’augmentation de la fiscalité est un chemin glissant, et de plus en plus glissant à mesure que l’on avance.

La seule voie durable est donc de réduire les dépenses. C’est une voie réaliste, car parmi les pays de l’OCDE la France détient le record de dépenses publiques. En France, pour 100€ dépensés, 55€90 sont dépensés par le secteur public, et 44€10 sont dépensés par les ménages et les entreprises privées ! La marge d’action existe donc pour réduire ces dépenses.

La marge d’action existe, certes, mais elle est à l’inverse des actions annoncées pendant la campagne électorale.

Le nouveau président est aussi soumis à une contrainte économique. Attention, cette contrainte est plus forte, plus globale, et son effet est de plus long terme. Cette contrainte se manifeste par la fuite des entreprises. Les entreprises fuient la France pour des raisons de coût de production, d'instabité fiscale, de syndicalisme enfermé dans ses certitudes, et de taux de prélèvements obligatoires.

Au jour de la décision par une multinationale d’implanter un site de production, tout est pesé dans la balance, et la France fait piètre figure.

Sans même toucher au niveau de revenu des salariés, les solutions existent là aussi :

- cesser de modifier chaque année les règles fiscales

- rendre à chacun le droit de choisir ses assurances santé, retraite, et chômage (en maintenant le choix pour un système public parmi l’éventail des choix), ce qui réduira les charges sociales par une meilleure gestion du système.

- supprimer les financements publics des syndicats, et leur redonner leur rôle de défense des salariés plutôt que de défense d’une idéologie.

- supprimer les aides publiques aux entreprises et l’impôt sur les sociétés (la France a la particularité d’avoir un impôt sur les sociétés inférieur aux aides publiques versées aux entreprises !). Un pays sans impôt sur les sociétés sera un puissant aimant pour les implantations industrielles.



Ces solutions pratiques sont là aussi à l’exact inverse des promesses du candidat victorieux. Pourtant, nul n’est capable de démontrer la pertinence de solutions alternatives que seraient les nationalisations des entreprises menaçant de partir, le renforcement des financements publics pour aider celles qui restent, ou les interdictions de licenciement pour celles qui doivent s'adapter.

Le nouveau président gardera donc sa « coloration politique » le temps de la mise en musique des quelques mesures symboliques annoncées, puis rencontrera très vite le mur de la réalité.

A moins de démolir le pays, il devra s’inspirer de solutions plus efficaces qu’idéologiques.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Les discours de "nos" hommes politiques sont axés sur le partage des richesses, au sein d'un pays, la France.
Sur le plan national, ne serait-il pas normal de parler d'abord de la manière d'en créer plus? Ne serait-il pas judicieux qu'un homme d'Etat parle des actions de son Etat dans un monde de concurrence, tout comme un chef d'entreprise qui, pour se développer, cherche à optimiser son offre avant de parler de répartition des éventuels résultats?
Sur le plan international on ne peut toutefois s'empêcher de rappeler que la comédie politique veille à oublier un point fondamental dans la répartition des richesses : Le plus pauvre des français est plus aisé que la plupart des Hommes dans le reste du monde.
Mais après tout la crise que nous vivons, le mur face auquel se trouve nos nouveaux dirigeants, découle en grande partie d'un transfert de la création de valeur vers des contrées qui en ont beaucoup plus besoin que nous. Et ce transfert a lieu parce que les exigence matérielle des Hommes concernées sont à ce jour beaucoup plus faibles.
Que cette évolution fondamentale soit la moins douloureuse possible pour le peuple de France, soit... mais n'oublions pas ce point fondamental.