En Allemagne, les salaires des ministres sont gelés depuis 2002. Le salaire des fonctionnaires sera gelé en 2011. Et 15.000 emplois disparaîtront de la fonction publique. L’Allemagne veut maîtriser ses déficits publics. Car l’Allemagne craint une perte de souveraineté résultant d’une dette publique incontrôlée.
En France, ces mesures sont exclues d’emblée. Par exemple, la décrue des fonctionnaires d’Etat est plus que compensée par la croissance de la fonction publique hospitalière et territoriale. Entre 1988 et 2008, le nombre des fonctionnaires est ainsi passé de 4,2 millions à 5,2 millions. Et la dépense publique représente désormais 56% de la richesse produite (PIB), un niveau jamais atteint jusqu’alors.
La conséquence de ces dérives françaises est que la dette dépasse 1500 milliards d’€, soit 60.000 € d’endettement «forcé» par actif. Et cet endettement s’accélère.
L’esbroufe de la communication gouvernementale sur la maîtrise des dépenses publiques est vaine : les faits sont têtus. Désormais, la menace sur la souveraineté de la France est à la mesure de la menace qui pesait sur la Grèce il y a deux ans. D’ailleurs, dès 2008, j’avais alerté sur le cas grec. Les faits m’ont donné raison.
La Grèce est aujourd’hui humiliée, réduite dans ses marges de manœuvre, prisonnière des prêteurs qui, généreux ou inconscients, ont laissé faire une politique masochiste d’excès de dépenses.
En France, nous payons déjà plus cher nos emprunts publics que l’Allemagne. C’est le signe que les prêteurs commencent à perdre confiance. Malgré cela, aucune décision gouvernementale n’est prise à mesure de la situation réelle.
Par exemple, le rapport Attali d’octobre 2010, présenté comme audacieux par le gouvernement, propose un « plan de redressement » qui « ne conduit pas à une réduction du niveau des dépenses publiques totales, mais seulement à sa moindre progression»…! (page 8 du rapport).
Mais pourquoi sommes-nous si aveugles ? Pourquoi gardons-nous notre inconscience dépensière ?
La réponse à cette troublante question est à trouver dans le cynisme de la sphère politico-administrative d’une part, et dans la faiblesse de la société civile d’autre part.
Cynisme de la sphère politico-administrative.
Le monde politico-administratif a compris depuis longtemps que la dette est invisible – qui connait sa quote-part individuelle de la dette publique ? – et que la dépense est visible. Qui s’est plaint, par exemple, de la création de l’allocation de rentrée scolaire ? Qui se plaint des majorations des minimas sociaux ?
Dette invisible d’un côté, dépenses visibles de l’autre, quoi de plus facile pour acheter des voix et étendre son emprise ? Dépensez, dépensez, l’intendance suivra.
Mais pour éviter les déficits, il suffirait de majorer les recettes, peut-on supposer. Toutefois, le niveau des prélèvements obligatoires nous place déjà à la limite de la rupture. Par exemple, l’écart des prélèvements sociaux sur les salaires est déjà de 10% avec l’Allemagne : le tissu industriel français ne peut souffrir la comparaison et est en permanence au bord de l’implosion. Seule la mondialisation des grandes entreprises françaises leur a permis de survivre en échappant à une fiscalité hostile. Mais les PME implantées uniquement en France sont fragilisées par ce lourd handicap fiscal. Heureusement, personne n'est assez fou pour vouloir alourdir brutalement ce handicap.
Quant à l’idée qui consisterait à « faire payer les riches », un simple constat montre qu’elle est inefficiente en France. En effet, la fortune cumulée de la totalité des milliardaires français, 154 milliards d’€, permettrait d’assurer seulement 1 mois et 20 jours de dépenses publiques. La concentration des richesses en France est beaucoup plus faible que dans les pays comparables.
Malgré quelques efforts ponctuels et méritoires, la sphère politico-administrative laisse donc filer la dette à grand train pour étendre son pouvoir, son emprise, et pour servir ses propres intérêts financiers de court terme. La vertu de tempérance est méprisée avec un cynisme discret.
Faiblesse de la société civile
Ce cynisme discret de la sphère politico-administrative serait démasqué si la société civile était plus forte.
Dans la société civile, les associations de contribuables sont marginales, la culture économique enseignée dans les manuels scolaires est d’un collectivisme désuet, la complexité des budgets publics les rend incompréhensibles au citoyen. Tout entretient l’ignorance.
Comme les grecs, les français ne voient pas le piège qui leur est tendu.
Réveillons les consciences : c’est le seul moyen pour que le cynisme dépensier ne soit plus électoralement rentable.
2 commentaires:
Quand bien même la spoliation des « riches » permettrait d'équilibrer les finances publiques, elle n'en serait pas moins moralement condamnable. La justification de la réduction des impôts des « riches » n'est pas utilitariste, mais éthique.
Oui, je reconnais qu'il existe au surplus un débat éthique. Toutefois je doute qu'il soit facile à trancher.
Ce que je souhaite faire avant même le débat éthique, c'est montrer que la rengaine selon laquelle il faut "faire payer les riches" est absurde au plan comptable.
Cordialement.
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