Le chômage résulte d’une augmentation de la productivité. Nous avons besoin de moins de bras et de cerveaux pour produire.
Suivant un refrain mille fois ressassé, il faudrait que la croissance de la production soit de 3% pour réduire le chômage.
En effet, la production augmenterait alors plus vite que la productivité, ce qui absorberait les chômeurs aujourd’hui inoccupés.
Pourquoi pas.
Mais …si nous faisions réellement le calcul de ce que représente cet objectif théorique des 3% ?
Un Homme a une espérance de vie à la naissance de 82 ans en France.
Que représenterait cette croissance de 3% au cours de la vie d’un Homme ?
Un rapide calcul (1,03 puissance 82), montre que durant la vie de cet homme une croissance de 3% par an représente une multiplication par onze de la production.
Onze fois plus de nourriture, onze fois plus de surface de logement construit, onze fois plus de médicaments, onze fois plus d’heures de formation, onze fois plus de voitures, et ainsi de suite. Cette multiplication par onze de la valeur produite peut aussi être le fruit de produits et services nouveaux.
Onze fois. C’est absurde. En mettant bout à bout deux durées de vie de 82 ans, c'est-à-dire 164 ans, cela représente…121 fois plus de production !
Ce simple calcul montre le caractère illusoire de la doctrine des 3% de croissance.
Plutôt que de s’acharner dans une course à la production sans fin, le stabilisateur du chômage doit être trouvé ailleurs.
Le raisonnement poursuivi en France sous l’égide de la loi pour les 35 heures était celui de la réduction du temps de travail pour sa répartition.
A priori, cette idée est cohérente.
Mais en pratique, son application uniforme a cassé l’élan de l’économie française. Chacun s’accorde aujourd’hui à dire que cette réforme des 35 heures a été un frein économique, et surtout une pression supplémentaire productiviste sur les salariés.
Un temps de travail rigide et imposé à tous les secteurs est inadapté à la situation.
Le mode de répartition du travail doit permettre au contraire de s’adapter au nombre de compétences disponibles pour chaque secteur.
A cet effet, je propose que les cotisations chômage soient proportionnelles au temps de travail. Ainsi, un secteur en manque de main d’œuvre pourra employer les salariés 40 heures hebdomadaires, moyennant une cotisation chômage élevée, et un secteur en excès de main d’œuvre pourra employer les salariés 30 heures hebdomadaires moyennant une cotisation de chômage plus faible.
La production réalisée pendant 40 heures étant plus forte, les rémunérations peuvent être plus importantes et améliorer l’attractivité du secteur.
Ce stabilisateur a la double vertu de maîtriser le chômage et de rééquilibrer entre eux les marchés du travail des différents secteurs économiques.
Ce stabilisateur est durable.
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Application numérique :
Je prends comme données de base un plein emploi à 3%, et un taux d'indemnisation moyen du chômage à 80% (en postulant un remboursement de 100% le premier mois, de 80% les douze mois suivants, et de 60% les dix derniers mois, les mois suivants relevant des minimas sociaux).
Pour introduire un stabilisateur du chômage, il faut se référer à l'écart entre le taux de chômage réel, que je note "Tcho" et le taux de plein emploi. Je propose donc d'introduire le rapport entre les deux dans le mode de calcul, soit Tcho/0,03.
Par ailleurs, j'appelle "B" le salaire brut, et "C" le montant de la cotisation chômage.
Enfin, et c'est la clé de voute, ce qui nous importe est le rapport entre l'horaire travaillé réellement "Hr" par le cotisant (disons, mensuel, cela parait adapté sauf proposition meilleure), et l'horaire moyen pour l'ensemble des actifs "Hm". C'est le rapport que nous pouvons appeler Hr/Hm.
Je propose de placer le rapport Tcho/0,03 en exposant du rapport Hr/Hm pour que l'incitation soit d'autant plus forte que le chômage est élevé.
Voilà l'application :
C = (Hr/Hm) exp (Tcho/0,03) X B X 0,8 X Tcho
En pratique :
1- si le chômage monte au delà de 3%, on a intérêt à réduire le volume de travail et à le répartir.
2- la référence au volume horaire légal de travail est remplacée par la référence au volume horaire moyen de travail.
3- pour que l’équilibre soit exact, les chômeurs cotisent avec un rapport Hr/Hm fixé arbitrairement à 1.
4- pour le mois en cours, Tcho est évalué, puis ajusté au réel le mois suivant. Les écarts entre provisionnel et réel seront minimes.
Sous une forme graphique, le stabilisateur du chômage fonctionne ainsi, avec une bille (en vert) qui roule sur une piste incurvée et est attirée vers le centre. En début de piste, à gauche, les coûts fixes par salarié génèrent un coût horaire élevé. En fin de piste, à droite, la progressivité de la cotisation chômage augmente le coût horaire. L'optimum est au centre :
Voir aussi l’article : « Le chômage a-t’il une solution ? »
2 commentaires:
Pourquoi le chômage ?
Le chômage existe parce que c'est un choix de société : collectivement, nous avons mis au pouvoir des politiciens qui faisaient l'apologie de la sécurisation des "emplois" au détriment de la souplesse et de la fluidité du marché du travail. Les adaptations indispensables, peu à peu, sont devenues difficiles.
La seule solution au chômage est politique et fiscale : peu à peu, assouplir le code du travail pour rendre - à nouveau - le licenciement possible. Sécuriser les "personnes" plutôt que les "emplois". Supprimer le salaire minimum qui est une barrière à l'entrée sur le marché de l'emploi et qui cantonne les moins bien adaptés dans une situation d'assistés.
Plus que des équations, qui montrent bien les choses, j'en suis d'accord, c'est de courage dont nous avons besoin...
@ Lomig
Vous écrivez :
"Le salaire minimum cantonne les moins bien adaptés dans une situation d'assistés".
Oui.
Et j'ajoute que le rôle de l'entreprise n'est pas d'assurer un revenu minimum. Le rôle de l'entreprise est de créer de la valeur et de la vendre pour en tirer du bénéfice.
L'entreprise doit se recentrer sur son rôle. C'est pourquoi je suis favorable au remplacement du salaire minimum par un revenu minimum, regroupant la totalité des allocations en une allocation unique.
Mais le système ainsi conçu, même sans salaire minimum, évince une partie de la population, car l'entreprise a tout intérêt à avoir un nombre réduit de salariés, quitte à les faire travailler plus. Les moins efficaces sont laissés de côté.
Le chômage est pour l'entreprise en l'état actuel un coût externalisé. C'est un tort.Pour l'équilibre du système ce coût doit être internalisé.
La clé est là. Le coût du chômage doit être internalisé, et le coût du salaire minimum doit être externalisé. On a inversé la logique à l'origine, donc le système a déraillé.
Il est temps de remettre les choses dans le bon sens.
Je résume :
1- La répartition du travail doit être réalisée par une cotisation chômage calculée en fonction du temps de travail, et du niveau de chômage.
2- Le salaire minimum doit être remplacé par le revenu minimum, pour permettre à l'entreprise de se recentrer sur sa vraie mission.
La solution de long terme est toujours au centre.
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