L’Histoire nous donne des réponses.
Sous l’Ancien Régime, la noblesse était séparée du Tiers Etat. La noblesse était chargée de la justice et de la défense de l’ordre intérieur et extérieur. La noblesse judiciaire est la «noblesse de robe», dont le costume perdure jusqu’à ce jour. La noblesse chargée de l’ordre intérieur et de la défense du territoire est la «noblesse d’épée». La noblesse est canalisée par les vertus de la foi et de la charité. Son action est guidée par l’espérance d’un au-delà meilleur.
Le Tiers Etat, quant à lui, est chargé du commerce et de l’activité productive.
Au XIV° siècle, la noblesse sort de son rôle et prétend petit à petit régenter l’économie. De plus, la noblesse devient une noblesse héréditaire et non plus une noblesse élue. L’Ancien Régime perd donc de son sens, se perd dans la confusion des rôles, ce qui provoque un inexorable écroulement.
La République rétablit le régime électif. La République rétablit, au moins en ses débuts, la séparation entre l’économique et le politique. Les aristocrates qui avaient usurpé leur position pour acquérir de grandes fortunes ont alors la tête tranchée, et un fonctionnement sain est rétabli, au moins dans un premier temps.
Puis les dérives resurgissent, la collusion entre le politique et l’économique réapparaît. Nous en arrivons à la situation d’aujourd’hui, en 2010. Le politique et l'économique sont à nouveau dans une collusion sans vergogne. Une situation délétère, insupportable, et écœurante pour les citoyens. Le pouvoir politique est à nouveau utilisé pour amasser de l’argent. Le sentiment d’écœurement est aussi naturel que le mélange des genres est contre-nature.
En toute bonne foi, Eric Woerth navigue dans ce régime de confusion des genres, sans y voir malice. Il est le produit d'une époque, où l'"élite" est égarée dans une sphère intellectuelle artificielle. L'"élite" usurpatrice est incapable de prendre conscience des dérives. L'"élite" a perdu le contact avec le réel, et le peuple resté ancré dans le monde a conservé plus de lucidité.
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Quelle est la première mesure pratique à prendre pour sortir des liaisons malsaines entre le monde politique et le monde économique ? Comment rétablir la distinction ?
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Ces rapports entre l'économique et le politique sont des rapports d’argent. En 2006, un rapport de l'Inspection Générale des Finances a présenté la mesure des versements publics aux entreprises.
Ces rapports entre l'économique et le politique sont des rapports d’argent. En 2006, un rapport de l'Inspection Générale des Finances a présenté la mesure des versements publics aux entreprises.
Il y a 65 milliards d’€ d’aides publiques aux entreprises, dont près d'un milliard d'€ pour la Presse - y compris pour la Presse en ligne. Il y a plus de … 6.000 dispositifs d’aides, dont 22 aides européennes, 730 aides nationales et, par exemple, 650 pour la seule région Ile-de-France. Oui, 6000 dispositifs d’aides! C’est un marais aux profondeurs insondables.
Ce montant est supérieur au budget de l’Education Nationale.
D’un autre côté, l’impôt sur les sociétés rapporte 54 milliards d’€ dans l’année 2006 étudiée par le rapport.
L’argent injecté par la collectivité publique est du même ordre de grandeur que l’argent prélevé au titre de l’impôt sur les sociétés.
Arrêter les transferts d'argent
Pour séparer le politique de l’économique, et bien au-delà du cas d’Eric Woerth, la mesure à prendre est de supprimer ces transferts réciproques. Arrêtons de prélever des impôts sur les sociétés, et arrêtons dans le même temps de verser de l’argent public aux entreprises.
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Pour l’année 2006, à titre d’exemple, l’économie pour la collectivité publique aurait été de 11 milliards d’€ : 65 milliards d’€ économisés, contre 54 milliards d’€ de manque à gagner par la suppression de l’impôt sur les sociétés.
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De plus, du point de vue de la collectivité publique, les coûts de prélèvement et de redistribution sont ainsi supprimés. Les gaspillages de superstructure bureaucratique disparaissent. La collectivité publique se recentre alors sur sa mission première qui est de faire respecter des règles générales, et de produire des biens publics.
Du point de vue des entreprises, on supprime ainsi les distorsions de concurrence qui se produisent au profit des entreprises pratiquant la chasse aux subventions. L’entreprise se recentre alors sur sa mission première qui est de produire de la valeur et de la vendre. L’entreprise réduit aussi des coûts inutiles de fonctionnement, liés à la chasse aux subventions, et à l’optimisation fiscale en vue de la réduction de l’impôt sur les sociétés.
Au plan plus général, un pays sans impôt sur les sociétés retrouve son attractivité fiscale et se protège de la désindustrialisation et du chômage.
Chaque organe de la société doit se recentrer sur ses missions. C’est un principe fondateur du centrisme.
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